Le temps

Publié le 14 septembre 2009 par Tazounette



Un week-end passé trop vite, comme si souvent, comme toujours en fait, quand il contient ce « nous »… Je n’ai pas grand-chose à dire.
Ou plutôt, ce n’est pas ça… Bizarrement, j’ai plein de jolis moments à vous raconter, ceux que je partage avec mes filles depuis qu’elles sont rentrées de vacances… Mais je ne sais pas. On est lundi. Et comme tous les lundis, c’est comme si tout en moi était rentré en dedans. Comme si j’étais recroquevillée sur moi-même de peur de perdre ces instants vécus intensément pendant deux jours. Comme si délier ma plume, ma langue et m’ouvrir, là, dans ces pages virtuelles qui sont un peu de mon univers, allaient provoquer l’effacement de tant d’instants bénis, précieux. Comme si à vouloir entamer la semaine « librement », j’allais provoquer la mort ou l’oubli des moments passés au creux de ses bras… Je sais, ça paraît curieux, mais je me sens comme repliée sur mon trésor, encore un peu… Je ne m’ouvre pas encore à la semaine, au décompte. Je suis encore hier ou avant-hier.

Hier, lorsque nos deux voitures se suivaient encore un peu. Je l’avais encore, lui, tout entier dans mon rétroviseur. Alors qu’il était presque temps de nous séparer, d’embrayer sur demain, la semaine, les 5 jours sans, de nouveau. Je l’avais là, dans mon rétroviseur, lui juste derrière moi et pourtant, ce n’était déjà plus assez. Je voulais le téléphone, même pour ne pas se parler, mais pour l’avoir, presque si près de moi que je pourrais l’entendre respirer, comme tout à l’heure, sur le canapé, enlacés devant Grey’s, alors que je regardais, émue, George comme mon Phin… Ce peut-il que rien ne soit jamais suffisant ? Que lorsque le manque s’installe, tout paraît désolation et le lien qui reste ne semble pas suffisant ? La densité du temps n’est plus la même d’un seul coup. Il semble décharné, maigre. Toute cette corpulence qu’il avait quelques minutes auparavant, alors qu’on était deux et qu’il semblait si bien en chair… D’un seul coup, il semble transparent, liquide comme de l’eau. Stagnante comme de la vase. Rien ne s’écoule plus. C’est liquide, c’est transparent et ça colle à la peau.

Cinq jours de glue et la densité reprendra d’un seul coup, sans préavis…

J’ai du mal ces temps-ci avec le temps qui passe. Je m’interroge, je me questionne et je ne trouve aucune réponse. Rien. Je trouve étrange qu’il passe si vite lorsqu’on est deux, lorsqu’on aime, lorsqu’on est apaisé, lorsqu’on fait ce qu’on attendait depuis si longtemps. Je trouve étrange qu’il s’allonge, s’éternise, passe à pas de tortue lorsqu’on attend, lorsqu’on est tourné vers demain, lorsqu’on voudrait qu’il passe. Et pourtant, dans un cas comme dans l’autre, il s’agit du même temps. Des mêmes secondes, des mêmes minutes, heures, jours.

Je voudrais parfois en connaître le secret et inverser à loisir sa course folle. Arrêter le temps lorsqu’il arrive, lorsqu’il est là, lorsque mes mains le touchent de nouveau, lorsque je l’embrasse et lorsque le « nous » renaît. L’arrêter lorsque mes yeux se posent sur lui, lorsque je l’attire à moi de tant de façons qui dénotent tant d’instants différents, tant de bien-être aussi. L’arrêter lorsque nos mains se touchent, lorsque nos corps se frôlent, lorsque le désir telle la vague d’un océan nous submerge… L’arrêter ou le distendre à l’infini, l’étirer à loisir… Ou le mettre en bouteille pour le faire couler, plus tard, au moment que j’aurais choisi…

Et ce matin, alors que ce jour ne le contient déjà plus, alors que la course doit filer jusqu’à vendredi, nouvelle intervalle de lui et de "nous", j’aurais voulu arrêter le temps lorsque mes lèvres se sont posées sur les joues encore chaudes de mes filles encore engourdies de sommeil, à cette heure indue où elles ne devraient pas être debout et que je les ai laissées à leur journée d’école, lorsque ma main leur a fait un dernier au-revoir et que j’ai disparu, gardant en mon cœur le sourire radieux de ma toute petite au cheveu sur la langue.

Je voudrais arrêter le temps sur elles. Ou les reprendre un peu, quelques minutes et les remettre dans mon ventre comme avant. La vie nous pousse en avant et ne se retourne pas. Je me retourne souvent sur elles. Sûrement par peur de ne pas en profiter. Alors, cette année, je m’y efforce et on s’arrête. Toutes les trois, sur des choses simples comme pour marquer les années qui filent, comme des pépites au cœur…

J’ai une envie, là, aujourd’hui, d’avoir mes trois amours en même temps, dans l’espace de mes bras, si infini de tout l’amour que je leur porte, ces amours qui me façonnent, femme et mère, les garder tous trois en même temps et que le temps s’arrête…

Que le lundi passe ainsi. Dans mon jardin si plein d’amour, si tourné vers demain.

Le demain de mes filles, le demain de ce « nous »… Tout arrêter, un jour, puis reprendre sa course, demain…

Hier, il y a un an, le lien mis subrepticement sur mon blog servait pour la première fois, sur MSN… Prémice déjà prometteur à ce « nous » d’aujourd’hui… De demain…

Qu’il est doux parfois, de s’arrêter sur des dates…
Quand le temps ne nous laisse rien et emporte tout…