Cernés Oui ! Je suis cerné ! Encerclés pis que Chippendale dans une boîte homo, la même chose vous dis-je ! Les Civilisés contre les Sauvages qui sont partout et font rien qu'à vouloir les opprimer pas gentiment du tout !!! Bon, pas tout à fait en les scalpant non plus, même si symboliquement c'est quasiment tout comme, non : en m'empêchant de m'exprimer. En me muselant dans mon désir d'exprimer à voix haute et forte des vérités qui dérangent, naturellement.
Vous ne voyez pas de quoi je parle ?
Ah, c'est vrai, vous êtes des gens normaux, vous.
Vous n'avez pas vu à quel point j'étais cernés par ... les libéraux ! ILS SONT PARTOUT !
C'est une évidence.
(Vous vous contentiez bêtement de constater que les socialistes, sociaux-démocrates, collectivistes et mous du bulbes de mon genre sont au pouvoir en ce moment et de sottement en inférer que ces gens qui détiennent la quasi-totalité des leviers institutionnels ne sont tout de même pas vraiment à plaindre, n'est-ce pas ? Oui, vous êtes des gens normaux, quoi, pas des singes hurleurs atteints de paranoïa en phase terminale comme moi, bon).
Je suis donc cerné, que dis-je, harcelé en permanence, brimé, opprimé, intellectuellement terrorisé, par le libéralisme mondialisé, et du coup ben je ne peux plus rien dire. Rien du tout. On m'a tout bâillonné ma liberté d'expression, et je m'en indigne fort bruyamment puisque là, n'est-ce pas, c'est rien moins qu'une forme de totalitarisme qu'on me fait subir à moi et rien qu'à moi, et pas aux autres, nan nan nan, contre moi qui suis d'un anticonformiste ébouriffant d'audace folle de partout (et oui, moi aussi, quand je lis dans la même phrase "anticonformiste" et "de gôche", ça me fait bien rire, allez).
Ok, certes, j'ai un gros blog baveux qui me permet de pondre étron sur étron en chouiiiinant que le monde n'est pas comme il devrait être et que les gens autours m'en veulent personnellement (ce qui n'est pas faux, du reste, vu la couche d'emmerdes que je me coltine - au fait, je cherche un job et je suis ouvert à toutes propositions mais revenons dans le sujet merci) je ne peux plus rien dire ! Je suis opprimé ! Je suis cerné par les libéraux !!!!
Il faut ici préciser que "libéral" dans ma bouche prend le sens de : gens qui font du socialisme sans le dire, du collectivisme en ayant honte et qui distribuent prébendes à leurs amis. On comprendra qu'il faut un véritable décodeur pour me comprendre. Des années d'enfumage et de confusion dans mon yahourt crânien auront réussi à produire une bouillie opaque que je crois être une position politique.
Alors, bien grotesque, je m'affole donc en rond et inonde tout mon autre blog de mes larmes en m'auto-interpellant à coups de billets autoréférentiels et autoérotiques qui me font des choses au fond de moi je mégare : "Hein ! Hein que je suis opprimé ? Hein, dis ?" "Meuh oui c'est clair qu'on est opprimés et que les minoritaires brimés dans ce pays - de merde - c'est nous les pauvres petits gauchistes" "Ouais c'est trop vrai, ça, tout fout le camp et on est envahis par les néo-ultra-libéraux et personne il dit rien, c'est trop injuste !" "'Tain, c'est trop grave, Sarkozy et toute sa clique ce sont des fachos c'est sûr" (oui, je dis vraiment ce genre de bêtises, et j'arrive parfois à être mollement distrayant. Ensuite, quand on voit que les référents intellectuels les plus couramment cités sont Mona Chollet ou Olivier Besancenot - j'ai les penseurs que je peux et les lecteurs que je mérite, hein). Je vous passe les "idées" que j'affectionne entre brûler les traders et pendre les traders ou étriper des traders, ... ou des libéraux, à tout prendre, eh bien eh bien ... On se dit qu'il y a de quoi faire.
Oui, c'est une de mes amusantes antiennes récurrentes : je suis en permanence cerné et opprimé par une hydre aux contours flous qui s'appelle "Libéraux". Et quand on gratte un peu, on se rend compte que cette protéiforme créature est absolument partout et je dis bien partout, hein. Pour les plus atteints, Sarkozy est libéral.
Y'a de quoi rire.
Bon, à présent qu'on s'est bien amusé, revenons un peu dans le monde réel. Après tout, c'est sur l'autre blog que je suis sous drogues dures pour écrire...
Monde réel fort déplaisant où la sociale-démocratie est au pouvoir depuis des décennies à présent, et où les idées merdiques d'interventionnisme massif ont largement essaimées jusque dans les rangs des mous de droite.
Comment justifier une telle mainmise idéologique ?
Ben en se faisant passer pour des opprimés, pardi.
S'installant confortablement dans une mentalité d'assiégés permanents, nos pauvres petits gauchistes se font croire à eux-mêmes qu'ils sont minoritaires et en danger, ce qui les pousse à une hystérie paranoïaque qui va traquer le moindre microsigne qui ira dans le sens de leur aliénation. Au prix fréquemment d'importantes distorsions de la réalité, aidés par d'importantes doses de 8.6 ingérées en catimini pour que Butch ne me chope pas. Du coup, je peux sereinement se penser cerné par le libéralisme ou n'importe quel ennemi mal dégrossi que j'imagine dans mes cauchemars éthyliques, et je me trouve encouragé dans mes délires par quelques sous-penseurs frelatés (Besancenot, entre autres) qui passe son temps sur les plateaux-télé à protester qu'on ne les entend jamais...
Et c'est mine de rien toute une conséquente partie de la gauche et de la droite qui s'est installée dans ce paramonde, des lecteurs du Figaro, en passant par Libé et l'Huma, et qui passe sont temps à faire des fautes d'orthographes calamiteuses et à pleurnicher sur son statut de perpétuels persécutés par le méchant libéralisme qui détruit du monde et la Terre et les petits animaux qui courent...
Quand franchement la seule chose qui nous cerne, cette droite, cette gauche et moi, dans mon petit blog d'aigri, c'est notre crasseuse et noire connerie.