In memoriam

Publié le 17 septembre 2009 par Cameron

J’ai eu du temps, un temps infini, un temps découpé qui s’est construit de veilles successives, de moments de guet.

J’ai eu du temps, et je n’en ai rien fait.

L’esprit occupé à mille choses, peut-être, l’esprit centré aussi sur le silence soudain, l’effacement définitif qui a sanctionné ce temps vide. Rien n’est dit. Rien n’est plus dit que le pire des tracasseries de l’ordinaire, mais certains mots qui devraient l’être ne sont pas prononcés. Silence. Silence pour le silence imposé, silence en écho du silence.

Il ne faut pas parler, c’est tout.

C’est une manière de vivre en soi. Une manière de sentir le poids de l’événement jusque dans son corps, car c’est le cœur qui est lourd, et ce sont les genoux qui tremblent.

Il ne faut pas parler. Lorsque les mots viendront, ce sera trop tard, la défaite sera consommée. Il ne faut pas parler, ni écouter, ni même y penser, à ce temps qui s’écoule pétri d’alertes successives, de piqures d’angoisse. Les choses s’effacent. Le dire accélère leur disparition.

On peut partir sans qu’un mot ne soit accolé au naufrage. Il y a tellement de parasitage à nommer autour. Tellement.