Magazine Journal intime

Les états

Publié le 18 septembre 2009 par Lephauste

Je ne suis pas parce que je pense, je ne vis pas parce que je dis. Et si il n'était que d'être, cela aussi pourrait se passer de moi.

Passer l'état céleste des étoiles filantes, l'ordre séculier des chutes et des rechutes, l'état des myriades mirant la poussière léguée par le soleil. S'abreuver au liquide de la parole, croiser le verbe au zénith, décrucifier l'onde de ce qui ne se dit plus et que pourtant nous tentons d'écouter en l'attendant. Faire, plutôt que inlassablement être l'infinitif que personne ne sait conjuguer, ni à l'imparfait du subjugué ni au présent de l'impulsif. Passer l'état aérien des colères atmosphériques, l'hypertrophie des ouragans nés d'un horizon disséqué, l'état du quel nul ne se hisse plus qu'à la force du déracinement, l'état disant la déssication, la langue sèche, la sève durcie comme une résine. Passer l'état tentaculaire de l'étai, la sublime béquille qui fait que claudiquant, nous donnons l'impression de marcher clair, l'état d'aller à quatre pattes en nous servant des murs pour nous tenir droit dans l'abrupt.

L'homme n'est pas l'Homme quand il n'est que l'état, sa force n'est pas son droit, son droit n'est pas la vie. Et la vie n'est rien d'autre qu'une nécessité. La plus ardente des nécessité et la plus vile des monnaies d'échange.

(pour Faustine)


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