Qu'ont-ils de plus ? Qu'ont-ils en moins ? Qu'ont-ils en trop et qui pourtant leur manque ? Une marque, une tache, quelque chose dans l'oeil ? un défaut dans l'élocution ? Telle à son bras promène ce port de reine que sans lui elle n'a pas. Tel se redresse enfin, lui de qui l'on disait, quelle voûte ma chère, on dirait un caveau ! Telle autre se trouve en grâce dans un maigre jupon, pourvu que ce soit lui qui lui ouvre la portière de l'antique CX, d'où il la fait luire, comme d'un écrin un peu déjanté. Celui-ci, tenez ! Dont vous vous moqueriez si il pointait à votre porte pour vous vendre je ne sais quel livre saint et dont l'allure, au bras de cette Miette, fait un effet ardent au long de l'avenue. Et cette autre ! Oh non ! celle là que votre carnet d'adresse a laissé choir parce qu'elle n'était pas ... Comment dites vous ? Qu'un peu hautaine , Ne manquez vous pas, vous même, de quelques hauteurs pour juger ? Mais non évidement, je vous raille ! allons soyez plaisants puisque vous et moi sommes accoudés au même comptoir où l'on nous compte pour rien. Pas même pour le pourboire.
Qu'avons nous de plus ? qu'avons nous de moins ? Qu'avons nous en trop et qui pourtant nous manque ? Un blason, une marque, une tache ? Quelque chose dans l'oeil et qui nous tombe comme une poutre sur le pied ? Un défaut dans l'élocution, quelque chose qui électrocute ? Vous ! Pour l'exemple, vous qui allez plastronnant par les rues de ce soir, qu'est-ce donc qui vous manque ? La douleur d'être Noirte ? Celle-ci à votre bras ? Une bagnole qui parachève vos élans d'outre-tombe ? Il ne vous manque rien mais ce rien vous chiffonne le brouilon de vie. Vous rêviez et voila, en place de ça vous ne vouliez pas voir que vous l'étiez, aimés (ées).
(à Pascale)