Magazine Journal intime

Une pub qui choque... et qui ne m'a pas choquée

Publié le 19 septembre 2009 par Anaïs Valente

J'ai lu récemment qu'une pub proposée à la TV par une association qui œuvre dans le cadre de la maladie d'Alzheimer avait été censurée suite à une pétition lancée par une autre association.  La raison : "Cette publicité montre une vision déformée et apocalyptique de cette maladie. Cette publicité a été réalisée avec tous les codes du film d'horreur: musique effrayante, caméra à l'épaule, patients présentés comme des monstres qui s'immiscent petit à petit dans nos vies."

Ma curiosité titillée, et mes souvenirs réveillés, vu que j'ai été touchée de très près par cette maladie, je suis allée voir cette pub.

Plusieurs fois.

La première fois, j'ai été troublée.

La seconde, j'ai été touchée au point d'en avoir les poils qui se dressent sur la chair.

La troisième, j'ai eu une larme dans l'œil gauche, le plus sensible des deux.

Et une foule de souvenirs me sont revenus en mémoire.  Des souvenirs liés, of course, aux scènes de cette pub.

Mais j'ai eu beau la voir et la revoir encore, je n'ai pas compris ce qu'elle avait de choquant.  De "censurant".  Faut-il, pour qu'une pub soit acceptée à la télévision, qu'elle présente une version édulcorée de la maladie ?  Je n'ai rien trouvé d'apocalyptique.  J'ai retrouvé la maladie, tout simplement.  J'ai vécu tout ça.  Je n'ai pas trouvé les patients monstrueux, mais plutôt monstrueusement humains, monstrueusement malades, monstrueusement réels.  Monstrueusement atteints de la maladie d'Alzheimer, punt aan de lijn.

L'Alzheimer, ce n'est malheureusement pas oublier où se trouvent les clés de voiture ou répéter deux fois la même chose, au point de faire rire toute la famille lors du repas dominical.  Ça, c'est le tout début.  Les premiers signes.  Les prémices.  Ou les prémisses.  (j'ai jamais su laquelle des deux orthographes était la bonne). 

Ensuite vient le pire, puis le pire du pire.  Les fugues.  Les colères.  L'incontinence.  Le retour en enfance.  Le regard totalement vide.  Le regard vide d'une personne censée vous connaître depuis toujours, c'est sans doute le pire du pire.

Et c'est exactement comme dans cette publicité.  Rien d'autre.

Je ne comprends dès lors pas le pourquoi de cette censure d'une publicité tellement criante de vérité.  Oui elle peut faire peur.  Mais la maladie fait peur, c'est un fait.  Oui elle peut faire pleurer.  Mais elle permet aux proches de s'y préparer et de mieux y faire face.  Oui elle peut angoisser les personnes en début de maladie.  Ou les aider à mieux s'organiser pour l'avenir.

Le slogan, "Heureusement ils ne s'en souviendront pas", constitue la réflexion finale d'une publicité pour moi extrêmement bien faite.  Eux ne s'en souviendront pas.  Mais les autres oui.  Ça sera dur, mais pourquoi se voiler la face ?  Ne vaut-il pas mieux tout savoir, afin d'être parfaitement armé pour combattre ?  Un combat perdu d'avance, mais chaque petite bataille gagnée aidera le malade et sa famille.  Et c'est l'essentiel.

Alors moi je dis trois fois oui à cette publicité.



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