Les Jolis “comptes” du Sentier… Aujourd’hui Boucle d’Or

Boucle d’or était une petite bombasse aux cheveux bouclés et dorés, qui habitait seule avec sa maman, une bastide près des garrigues, entre thym et romarin.

Loule son père, un fadoli, qui avait trop chimé le pastaga, avait filé à Saint-Pierre, en laissant sa nine dans la panade.

Peuchère, la Zize elle avait passé le carcan avec ce massacan. 

A sa mère qu’il lui disait :” méfi !  ne t’en va jamais seule. On ne sait pas ce qui peut arriver, dans la pinède, à une minotte.” Boucle d’or, répondait invariablement  :” Eh vouais ‘man, je sais que je suis pas une cagole; vè celui qui va me chasper, me furer ou me faire des bonnes manières je languis pas de le voir.” 

Ce à quoi Zize rétorquait :

- Penses-toi, bazarette ! quand tu auras vu péter le loup, tes galégeades, elles passeront pas la Porte d’Aix !  

Un jour, comme elle se promenait aux environs de Garlaban et Taoumé, Boucle d’or vit  un massif de lavandes. Elle fit trois pas et en cueillit une grande quantité : parce que parfois le pàti il emboucane.  

Mais, quand elle voulut s’en retourner, con, tous les chemins étaient pareils. Elle en prit un au hasard et, ensuquée qu’elle était, elle se perdit.

Elle marcha longtemps, longtemps…Boudie ! Y’avait dégun ! Autant aller se jeter aux Goudes !

À la fin, elle était toute bouléguée, bien triste, elle allait se mettre à bramer quand, soudain, elle aperçut à travers les pins un très joli cabanon.

Toute contente mais un peu gonfle, Boucle d’or reprit courage et, zou, elle alla vers la maison.

Boucle d’or regarda par la fenêtre grande ouverte.

- Qu’es aco ? se dit-elle

Car voici ce qu’elle vit : une  Bonne Mère compressée par César, une photo de Monsieur le Maire en noir et blanc et une écharpe de l’OM floquée 1993. 

Et les trois sétis devant les trois tables, les trois bols de pistou, et patin-couffin ? m’en fouti !

Elle goûta la soupe dans le tout petit bol, et 1’avala jusqu’à la dernière goutte.

Elle grimpa dans le tout petit lit et il était tout à fait juste.

Cependant. les habitants de la jolie maison revinrent des commissions, et ils avaient très faim.

Ils entrèrent, et voilà : c’étaient trois ours un grand ours, un moyen ours et un tout petit ours.

Et tout de suite, le grand ours cria, d’une grande voix:
- Oh coquin de sort quelqu’un a touché à mes boules de pétanque!

Et le moyen ours, d’une moyenne voix:
- Oh le Con de Manon quelqu’un a dérangé mon cafoutch !

Et le plus pitchoune des ours, d’une toute petite voix, dit
- Oh Fatche de pute quelqu’un s’est assis dans ma toute petite cadière.

  Très ,   Affichant un mourre de six pieds de long, les trois ours se mirent à faire un boucan pas possible et à chercher partout.

 À ce cri, Boucle d’or se réveilla et elle vit les trois ours devant elle. Oh putain, se dit-elle, ça sent l’engatse !

D’un bond, elle sauta à bas du lit, et, d’un autre bond, par la fenêtre.

Les trois ours, qui n’étaient pas de méchants ours, n’essayèrent pas de la rattraper.

Mais le grand ours lui cria de sa grande voix:
- Bordille, Poufiasse, Daubassse, ne remet plus les pieds ici !

Et le moyen ours, de sa moyenne voix:
- Boucle d’or! C’est quoi ce ouaille ? Tu m’as gavé avec ta lavande !

Et le caganis, de sa toute petite voix, eut la bonne idée de crier aussi
- Prends le tout petit chemin à droite, pour sortir du bois…eh petite, moi les arapèdes comme toi je les aime bien : la prochaine fois on se fait une soupe de langues, ça me changera des sègues !

Boucle d’or prit le tout petit chemin à droite, et il conduisait bien vite hors du bois et juste à côté de sa maison.

Elle pensa: «Ce tout petit ours a été bien gentil. Et pourtant, je lui ai mangé son aioli ! »

Puis elle se mit à chanter :

« Papé ours je t’ai bien niqué

Sur la Cane, Cane, Cane, Canebière »

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Mes sources : l’incontournable ouvrage de Robert Bouvier paru aux Editions Jeanne Laffitte : Le Parler Marseillais ainsi que les sites suivants :

Marseillais du Monde   et  Côté rue des càcous