Un récent article de La Lettre de L’Etudiant était titré ainsi : « Fundraising, Évaluation, Classement : des occasions de tout remettre à plat ». On pouvait notamment y lire : « ces ‘évènements’ jouent un rôle de miroir en même temps qu’ils constituent des vecteurs de progrès pour l’institution. »
Certes, certes, mais je ne suis pas sûr que ce soit ce que l’on constate dans la plupart des grands établissements français d’enseignement supérieur.
Le lancement d’une Fondation devrait en effet être l’occasion d’une profonde réflexion stratégique : il ne s’agit pas seulement, en effet, de s’approprier des techniques de fundraising avec pour seul objectif la diversification des financements, mais bien de mettre en œuvre de nouveaux outils de vision stratégique, permettant à l’institution de réaliser une analyse à 360°. Mes valeurs, mon histoire, ma gouvernance, mes forces vives, mes clients amont, mes clients aval, mes partenaires, mes réseaux (dont mes anciens élèves), ma vision.
Les consultants en fundraising, inspirés (voire aveuglés) par le contexte anglo-saxon de la « philanthropy » tentent d’impulser chez leurs clients cette analyse à 360°. Mais ils présentent très souvent une même faiblesse : la méconnaissance des mécanismes spécifiques de l’enseignement supérieur continental et l’absence d’outils d’analyse stratégique. Résultat : des méthodes standard sans cesse dupliquées et des « check list » livrées en kit « do it yourself ». Ils se retrouvent alors dans la position du consultant en communication qui n’intègre pas la dimension marketing-stratégique dans son analyse. Et nous en croisons un certain nombre…
Même chose du côté des classements et autres accréditations. S’ils sont souvent l’occasion de remettre à plat les chiffres et les outils de pilotage de l’institution, ils ont parfois tendance à devenir l’alpha et l’omega des Deans et autres Présidents d’Université. L’indicateur devient l’objectif. Cela ne vous rappelle rien ? Nous venons de vivre une crise financière sans précédent dont une des causes a été l’empilement de décisions court-termistes prises par les grandes entreprises cotées ou les fonds engagés dans des LBO, avec comme seul souci la performance immédiate au détriment du développement à long terme. « Quand le doigt montre la lune, l’imbécile regarde le doigt ».
Moins les Universités et les Grandes Ecoles auront une stratégie spécifique, forte et opposable aux tiers, plus ils seront dépendants du bon vouloir d’une équipe d’auditeurs, de contrôleurs, d’inspecteurs ou d’accréditeurs qui interprèteront les chiffres différemment de l’équipe qui est passée deux ans avant ou de celle qui repassera quatre ans après. Et contrairement à ce que d’aucuns pensent, ces évaluateurs, comme les journalistes, sont capables d’entendre un discours bien charpenté, produit à partir d’un jus de cerveau de qualité, intégrant les enjeux sociétaux, une étude concurrentielle réaliste et une analyse interne rigoureuse.
Michael, revient (Porter, pas Jackson ).