Magazine Journal intime
Trente deux dents (et deux dehors)
Publié le 21 septembre 2009 par Kabotine(Ou plutôt une vingtaine, moins une. )
Lundi midi. Mon portable s’énerve, numéro inconnu, je réponds :
« Madame Kabo ?
- oui ? (heu… comment ils ont fait les télévendeurs pour avoir mon numéro de portable ?)
- c’est Marie Claire Machin à l’appareil..
- oui ? (bon, alors elle vent quoi Machine là ?)
- … du Centre de Loisirs de l’école…
- Ha ? (mais pourquoi elle m’appelle ?)
Puis c’est comme si la synapse avait enfin lieu et que l’étincelle allumait les alertes : lequel des deux ? que s’est-il passé. Dans le bruit de fond de mes pensées emmêlées j’entends « ne vous inquiétez pas », « tombé sur la tête en courant », « je crois », « en fait je n’ai pas vu, car je n’étais pas là » « dent cassée, peut être », puis quelqu’un lui souffle « non surement »…
Je compile les informations : « je viens le chercher, je suis là dans dix minutes ».
Sac, clés, voiture.
Feu rouge, droite, poser la voiture sur un bateau face à l’école.
La directrice et Marie Machine m’attendent à la porte, se confondent en explications, limite en excuses. « Il est où ? » (pas le temps de faire de phrases en Français. Tant pis pour Lao Tseu, il s’en remettra). Marie Machine me conduit jusqu’à la classe du Petit. Il est sur les genoux de la maitresse, ne pleure plus, mais étouffe un sanglot en me voyant. Je ravale mes larmes. Prendre le ton calme pausé et rassurant. « Tout va bien mon loup, on va s’occuper de ta dent… »
La maitresse est un sucre d’orge. Je l’aime. La directrice, un bonbon tendre. Elle appelle son propre dentiste pour qu’il nous reçoive immédiatement. Marie Machine se confond en excuses, je la remercie… Ce n’est pas de sa faute, en plus, je m’en fiche de ses excuses.
Mon petit est étrangement calme. Sous le choc.
Le dentiste N1, nous reçoit. Regarde la dent cassée, prend une radio. Ne peut rien pour nous, nous redirige vers N2 spécialisé enfants.
N2, ne peux pas nous recevoir, j’amorce le scandale. Il doit nous rappeler.
Entre temps, j’appelle ma pédiatre qui est une guimauve à la violette. Elle me conseille de contacter un Stomato N3 (le chef de service en fait) à Saint Vincent de Paul … qui ne peux nous recevoir avant deux ou trois jours…
Mon scandale intérieur monte d’un cran. On me transfère aux Urgences Stomato. Qui elles sont fermées, revenez demain… Mais en attendant, il lui faut des anti douleurs et des antibiotiques à votre Petit… D’accord, qui me les prescrits ? Nx ? (je sens la suite des N s'incrémenter, s'accroitre jusqu'à l'infini, la moutarde aussi s'accroit dans mon nez infini ...)
De plus en plus remonté, mon scandale rappelle (pour la troisième fois en de deux heures) le spécialiste N2. Dois-je recontacter mon pédiatre pour la prescription, ou va-t-il nous recevoir ? Ha bin si, justement, venez à 19h…
Bien plus tard. Après plus d’une heure de soins, mon Petit a une dent en moins (ou presque). Il a été d’un courage que seule la trouille et le choc justifient. Il m’explique qu’il ne doit manger que soupes purées et compotes jusqu’à nouvel ordre, et ne pas retourner à l’école pour que personne ne le pousse… (ha bon ? parce qu’en plus il a été poussé ? mais qui diable surveillait la cours ?? BdM -- Bordel de Merde -pardon)
Il est tard, tout le monde dort. J’écris ma tristesse, ma déception, mon coeur gros.J’ai un énorme sentiment d’injustice par rapport à son sourire espiègle. Comme il m’a dit du haut de ses quatre ans : « je ne voulais pas avoir ça maman… » Comme je lui ai pensé du fond de mon abîme intérieur : « j’aurais préféré que ce soit moi mon loup… »