Là oùsque je bosse, l'année 2009 est un véritable carnage. Si, je vous jure, je n'exagère pas. A n'y rien comprendre. Après quatorze ans de long fleuve tranquille (nan, je rigole, mais comparé à 2009, clair que les années précédentes me semblent bien tranquilles), voilà la rivière sauvage qui débarque.
J'aime pas trop parler boulot ici, passque bon, le boulot c'est le boulot, mais bon y'a un moment où c'est plus nin possip de ne pas parler hein, sous peine d'ulcère gastrique, œsophagien ou duodénal, au choix.
L'année a donc commencé, souviendez-vous, par une démoustication. Enfin c'était à la toute fin 2008, juste avant les fêtes, juste après qu'on nous ait toutes replacées dans des bureaux différents, Mostek, Moustique et moi, en cadeau de Nowèl, mais c'est comme si que c'était en 2009 hein. Moustique ne fut pas la seule à quitter le bureau, loin s'en faut, même si son départ fut celui qui me fit couler des torrents de larmes. Encore à ce jour, je n'en suis pas remise et je regrette à chaque instant son départ. Mais ce n'était rien à côté de ce qui allait suivre...
Peu de temps après, because restructuration, audit. Et because audit, requalification. En d'autres termes, je perds l'intégralité de mon job, j'en gagne un autre en échange. Faut juste s'y faire. Et c'est nin facile. Nin facile du tout. Sensation que ça n'ira jamais plus.
Je vous passe les détails, vous n'y comprendriez rien, et puis je vais pas raconter ma vie professionnelle ici, hein quoi. Mais les semaines sont difficiles. Les mois sont difficiles.
Et ce mois-ci, la cerise sur le gâteau, comme d'hab (y'a toujours une cerise sur le gâteau dans tout) : Anaïs, ton salaire va diminuer, passque l'inflation est négative. Tout a augmenté, ton pain, ton Flair et ton dentifrice, mais tu dois croire les spécialistes qui le disent : le coût de ta vie a diminué, alors ton salaire suit le mouvement.
Depuis presqu'un an, au bureau, je chante sans cesse "tout va très bien Madame la Marquise". J'en ignore les paroles, mais je connais le sens global de la chanson "tout va très bien mais ceci, mais cela, mais encore ceci, mais encore cela". Voilà ce que je ressens, chaque matin, quand j'arrive au bureau.
Vous allez me dire, comme on le dit partout "sois djà bien contente d'avoir un job, pense à tous ces chômeurs, tous ces gens des pays pauvres qu'ont pas le chômage". J'y pense, j'y pense. Mais tout de même hein, y penser ne résout rien.
Alors franchement, avec tout ça, avec la mort qui est venue me rendre visite, avec mon mal de dos qui me reprend, l'immonde crapule, avec ma douche qui se la joue écossaise, je vous en ai parlé, la garce, avec la pluie qui n'arrête pas de tomber certains jours et ça va pas s'arranger avec l'hiver qui arrive, avec les jours qui diminuent et mon birthday qui approche, avec mon volet qui joue l'accordéon et mon chauffe-bain centenaire à l'agonie, avec mes bottes Pataugas introuvables et les gens du site Pataugas vilains pas beaux qui répondent pas à ma question, il est temps, vraiment vraiment vraiment, qu'elle s'arrête, l'année 2009.