Ma nièce a quitté l’hôpital. Je ne l’ai évidemment pas appris par ma sœur mais par mes parents sur MSN. Voilà à quoi en sont réduits les échanges : quelques phrases transmises d’ordinateur à ordinateur. Et encore, car même un message envoyé par mail ou sur facebook ne reçoit pas toujours de réponse. Mes tentatives pour me rapprocher de ma famille restent infructueuses. Seules mon oncle et ma tante du Centre sont fidèles et ne manquent pas de m’appeler dès qu’ils sont sur la capitale.
Je ne manque pas de ressasser quelques rancœurs et regrets de cette situation. Et c’est malheureusement la colère qui domine alors. Si bien que je suis par deux fois sorti marcher longuement afin de me calmer. Je peste contre cet état de fait qui est que je dois sans cesse courir après les gens pour les voir. On me reproche souvent de ne pas donner de nouvelles ou de ne pas appeler, et je conçois que je le fais peu, mais chaque fois je me prends le mur. Je tombe sur des répondeurs et personne ne rappelle. Et j’ai beau me dire que chacun a sa vie, son travail, ses enfants et n’a pas forcément du temps à m’accorder, de toujours me heurter au silence me fait devenir parano. J’ai la désagréable impression que les gens m’évitent intentionnellement. J’aimerai comprendre… Quelles sont les raisons qui entraînent cette indifférence à mon regard, voire carrément ce rejet en ce qui concerne ma sœur ?
Il ne m’en faut pas plus pour retomber dans de sombres pensées. Ce qui n’échappe pas au personnel du Centre, très attentif malgré les apparences. Une des infirmières m’a proposé de faire un sortie juste tous les deux. Ce qui me soulage et amoindrit le sentiment d’être inexistant pour les autres puisqu’ici il y a des personnes qui font attention à moi et voient quand l’humeur retombe, mais m’inquiète aussi un peu… Je crains de ne plus être considéré comme un cas « léger » et que ces sautes d’humeur me valent d’avoir à reprendre un traitement plus lourd et un surcroit de surveillance et donc, moins de liberté.
Je me console un peu en pensant que jeudi reprennent les soirées MonsterShow. Ma bulle d’évasion du mardi soir est désormais réduite à un jeudi par mois et c’est avec encore plus d’impatience que je l’attends. La préparation de cette soirée a été particulièrement difficile et j’aimerai vraiment que le public soit présent. C’est assez démoralisant de passer des heures sur l’organisation pour n’accueillir qu’une dizaine de personnes.
Et la programmation de la soirée musicale d’octobre est fin prête. Franck a fait la séance photo hier et les affiches seront bientôt imprimées. Même si je suis triste de ne pas pouvoir collaborer de nouveau avec les Granny sur cette date, je suis heureux de retrouver les Herb Project qui étaient venus à la Cantada faire leurs débuts en live en juin.
Ce sera aussi le moment de livrer mon travail sur le scénario du court-métrage. Ce qui équivaut pour l’instant à une page ! Mais, peut-être mû par l’urgence de devoir présenter quelque chose, les idées sont arrivées subitement hier soir. Le point de départ reste le même mais la suite est complètement différente. Nous étions partis sur l’idée d’un couple de garçon qui se sépare, ce qui donnait une énième variation sur la fin de l’amour sans grande originalité et sans personnalité. Ici, le personnage principal n’est plus quitté. Ce n’est plus un simple employé mais un patron. Il a apparemment tout pour être heureux, une affaire personnelle, de l’argent, un compagnon beau et artiste accompli. Mais ce bonheur quotidien l’ennui et il va tout remettre en question.
Je pense qu’il y a, là encore, beaucoup de résonnances avec ma propre histoire. Il n’y a que de cette façon que j’arrive à écrire. S’il n’y a pas de correspondance avec mon histoire intime, je suis incapable d’aligner une phrase entière. C’est un travail inconscient, je ne sais pas vraiment d’où arrivent les idées et elles reflètent toujours un problème qui me préoccupe. C’est un peu comme se regarder dans de l’eau, une eau d’abord agité qui rend un reflet brouillé puis qui se calme et renvoie une image plus claire.
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