Au réveil, la première idée qu’il me vient, avant même de savoir s’il fait beau ou s’il pleut, je me dis que je vais me lever pour aller écrire, poursuivre sur ma belle lancée de la veille ou de l’autre jour quand j’étais au bord de la mer et qu’il m’était venu moultes idées de scènes à décrire, de personnages à développer.
Et puis, je me lève. En m’habillant, je vois le soleil et je me rappelle qu’il faut que je tonde le gazon, ou il pleut et je me rappelle qu’il faut que je finisse tel travail intérieur. En déjeunant, je lis. Ce qu’il y a de bien dans la lecture d’un livre ou le visionnement d’un film ou la visite d’un lieu, c’est que, malgré les conseils, les avis ou les commentaires lus ou entendus à leur sujet, une fois devant, vous oubliez tout et vous découvrez comme si vous étiez le premier à y goûter. Ce fut le cas, hier matin, en terminant Bestiaire de Éric Dupont. Commencé avant mon voyage en Gaspésie, et donc passage à Matane, Saint-Ulric, Rivière-du-Loup et tous ces villages où l’auteur, un gaspésien d’Amqui est-il dit sur la quatrième couverture, a situé ses personnages. Commencé avant mon départ, je n’ai rien lu pendant, tellement prise par rouler, manger, camper, visiter, le regard toujours tourné à droite, en direction de la mer. Repris avec plaisir à mon retour. Chapitre Les poules, particulièrement truculent. Un livre rafraîchissant par ce langage différent, original, par le choix des mots et des images. Un livre que j’aime bien non parce qu’il me parle de la Gaspésie que je viens de revoir après dix ans d’abstinence, mais plutôt d’un temps, d’une époque, de relations familiales et scolaires que je reconnais ici et là. Que je termine en dégustant lentement, sans penser à rien d'autre, signe que l'auteur a réussi à m'intéresser.
Je finis par m'assoir devant mon clavier, avec la ferme intention d’en parler. Et puis au passage, je vois les photos prises lors de ce voyage où le bleu du ciel nous a fait de si belles journées. Deux heures passent à les rassembler, les améliorer, les classer et les monter dans un jalbum. Grrr… j’oublie les accents, je recommence, je renomme, j’héberge. Le voici cet album>>>
De mes scènes pensées à mon réveil, il ne reste rien. Le domestique me happe. Demain peut-être.
(Photos: couverture de livre empruntée à Canoë et les vagues, photo de l'auteure à Forillon)