Posée là, sur le point d’être assise en somme, elle ne regarde pas. « C’est mon monde », a-t-elle dit, et d’un côté s’érige une femme noyée de blanc, des pieds à la tête, et de l’autre c’est l’accumulation du chagrin qui a fait son nid, miroir déformant dont elle évite le reflet. C’est son monde, celui dans lequel elle vit.
Il n’est que silence. Même sa voix, sa voix précise et juste, est tissée de respirations prolongées. L’on s’y engouffre, dans l’abîme qu’elle ouvre, parce que plonger n’est que la face cachée du pire. Son monde à elle s’explore comme une planète inconnue.
C’est la femme en blanc qui sourit pour elle, entre deux voiles pâles. Et le chagrin n’est rien d’autre que la masse de tout ce qu’elle ne dit pas, de tout ce qu’elle ne pense pas peut-être, mais qu’elle sait.
On l’appelle la spectatrice, juste comme ça, entre nous. Pour conjurer la certitude que rien de ce qui se passe ne l’intéresse, qu’elle n’est pas plus présente dans le regard porté sur nous que dans son propre monde. Elle s’assoit là depuis si longtemps, maintenant. La femme en blanc lui tient compagnie. Un jour nous aurons deux statues au lieu d’une pour monter la garde de notre jardin secret.