J'ai testé "la leçon de piano"

Publié le 24 septembre 2009 par Anaïs Valente

J'ai toujours voulu être une artiste.  Mais c'est mal barré, vu que j'ai rien fait depuis ma tendre enfance, ni danse, ni musique, ni peinture.  J'avais donc fait une croix sur mes rêves de danseuse étoile, peintre ou dessinatrice archi célèbre.  Mais dans le coin de ma tête trottait une idée, une envie : apprendre le piano.  Quand j'étais môme, y'avait un piano dans ma famille.  Je l'admirais, je le touchais timidement, sans plus.  Jamais osé investiguer.  Pas l'oreille musicale, l'Anaïs.

Donc, à ce jour, je sais juste jouer "fais dodo" : si la sol sol la sol la si sol si la sol sol la si la sol, à jouer sur n'importe quelles trois touches d'ailleurs.

Puis la vie m'a appris qu'on pouvait être vivant un jour et paf, sans préavis, sans avertissement de nulle part, être mort.  Et qu'il fallait réaliser ses rêves durant la vie.  Avant qu'il ne soit trop tard.

Alors j'ai décidé de réaliser mon rêve, et je me suis inscrite à des cours de piano.

J'ai de suite abandonné l'idée de l'académie, lorsque j'ai appris que pour les adultes, faut se farcir une année de solfège avant de toucher la moindre touche, noire ou blanche.  Pour les enfants c'est pas comme ça, ils sont à la fois confrontés au solfège et à l'instrument, mais je n'ai pas trouvé une bonne façon de faire croire que j'avais dix ans.  Et même si le solfège est indispensable, ça me bottait pas de me coltiner une année d'apprentissage sans pouvoir tenter quelques mélodies.  Je me connais, j'allais abandonner de suite.

J'ai donc pris des cours avec "intégration progressive du solfège".

Ben je vais vous dire, on n'a pas la même notion d'intégration progressive.  Passque dès le premier cours, le gentil prof tout jeune tout blond tout pas brun ténébreux, il voulait que je joue à deux mains.  Et en lisant une partition, pardi.  Moi qui n'ai plus lu de partition depuis mes cours de flûte en première rénové.  Moi qui n'ai plus voulu toucher à cette flûte depuis la fin de l'année scolaire, passque j'aimais pas le filet de bave qui en coulait chaque fois que je m'entraînais.  Comment dégoûter une ado de toute envie d'apprendre la musique ?  Lui imposer une année de musique avec un prof fêlé et une flûte en plastique beige.

Dans ma bêtise, j'imaginais un truc fastoche comme tout, progressif, à l'aise blaise, relax max, cool raoul, moi qui tape à dix doigts plus vite que la meilleure des meilleures.  Avec un peu de pratique, c'était dans la poche.  Fingers in the noze.  Quelques exercices et voili voilà.

J'ai eu deux cours à ce jour.

Mon nouveau prof, il est sympa.  Même s'il est pas très consciencieux.  Faut dire que c'est sa première fois en tant que prof.  Et que j'attends depuis une semaine des adresses pour acheter mon piano (merci Mostek pour le prêt de ton synthé, ça m'aide very much), et que là il est 21h14 et j'ai toujours rien reçu malgré la crise que j'ai piquée ce jour pour avoir enfin les infos et les partitions pour la gosse débutante que je suis, non mais, non mais !, message subliminal, toi ô prof de piano, si j'ai pas ton mail avant demain, je te fais bouffer les 88 touches mercredi).  Il est sympa donc.  Même s'il semble bien optimiste.  Paraît que j'ai bien le jeu legato, sans coupure brusque entre les notes (merci les vingt-cinq ans de dactylographie), alors il s'imagine que j'ai la science musicale infuse.  Mais bon, avec de l'entraînement, je vais finir par y arriver hein, à jouer Fais dodo (en entier), J'ai du bon tabac, A la claire fontaine et autres comptines bien sympatoches.  J'y crois j'y crois j'y crois.  Promis, je vous convie à mon premier concert.

Je réalise donc mon rêve, enfin, et je vous prie de croire que j'en ai des auréoles sous les bras après la leçon.  Et que, les heures qui suivent, j'arrête pas de voir des touches devant mes yeux, et de répéter les notes dans ma tête.  Et que j'ai joué quinze fois J'ai du bon tabac en rentrant.  Et que le rat il apprécie pas la chose, même si je mets le son au minimum.  Il s'agite comme un rat d'égout lors d'une inondation.

Dans l'histoire, j'ai pas de bol, car j'ai mon cours après une élève hyper douée et dotée d'une expérience que je n'égalerai jamais.  Tout à l'heure, en attendant mon tour et l'apprentissage de "j'ai du bon tabac", je l'ai entendue jouer la superbe musique de Twilight...  Rhaaaaaaaaaa, trop beau.  Rhaaaaaaaaa, je veux jouer ça.  Rhaaaaaaaaa, jalousie quand tu nous tiens.

Allez, rien que pour vous, mon premier vrai morceau.  Et vous êtes préviendus, le premier qui rira aura une tapette.