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L'élite de la nation

Publié le 24 septembre 2009 par Elis

the_graduateC'est dans une semaine pile-poil que je vais RE-prendre mes études. J'en fais tout un plat. Ce qui peut vous sembler anodin, est pour moi une épreuve à la limite du surmontable. Non pas que je sois une handicapée sociale qui flippe à l'idée de se retrouver en face d'inconnus (quoi que...) mais plutôt parce que j'ai peur de revivre mes douces années d'étudiante (quand j'étais jeune et ferme, la cuisse fraîche). Visez un peu :

J’ai fait des études. Dans une ville méridionale qui sent bon le pastis et la castagne entre mémés. Dans un établissement luxueux où l’on perdait son accent en passant la porte. Je me souviens comme si c’était hier d’un premier jour en amphi (amphi double, avec vidéo-projection, rétro-filmage et aérofreins - pour l'époque c'était très bien). Nous étions 300 frais émoulus de nos prépas pour la plupart, fatigués par 2 années de bachotage intense et près à… profiter !

- « Vous êtes l’élite de la nation » (qu’ils disaient)

Un petit brun hargneux haranguait la foule. Son handicap centimètrique l’avait très certainement empêché de devenir un quelconque homme politique local ou pire, national. J’avisais mon voisin de fauteuil à bascule high tech :

- « Y déconne là ? »

- « Nan, nan, j’crois pas » me répond le versaillais, mèche au bol, Sebago et dockers fraichement repassés par la bonne.

- « Vous entrez dans l’école de la rigueur » (qu’ils disaient)

- « Mama mia ! » me disais-je, « je vais enfin entrer dans le savoir, comprendre les arcanes de l’entreprise, et réaliser mon rêve de sauver les bébés-phoques en antarctique » (mon projet professionnel était assez peu qualifié à l’époque, tout comme aujourd’hui d’ailleurs).
Et je me voyais, travaillant d’arrache-pied, me cultivant en bibliothèque et devisant avec mes érudits camarades sur la politique, l’économie et la philosophie…

Au lieu de cela nous débutâmes l’année par la remise du bréviaire du parfait petit Sup de Con. La première chanson disait (sur l’air de l’Île aux Enfants, ce qui ravissait la bisounours en moi) : « Voici venu le temps, des bites et des glands, Sup de Co Toulouse, c’est le royaume des partouzes… » (notez la rime fine et déliée).

Et les futurs dirigeants des entreprises qui allaient faire exploser la future bulle internet, accompagnés de leur futures femmes oisives d’entonner en cœur le refrain : « C’est le pays joli, de la sodomie… ». Une belle élite, je vous dis que ça !

NB : Vous allez peut-être critiquer mon choix iconographique pour ce post... Pour commencer, si je devais avoir un "film préféré", ce serait celui-là, et par ailleurs, le personnage campé par Dustin Hoffman, pétri de son inconfort post-diplôme n'est pas sans rappeler le malaise que nous avons presque tous éprouvé à l'issue de nos études devant les (non-)choix corneliens à opérer... Et j'adore la scène du BBQ avec "les plastiques" pour ceux qui connaissent !


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