Le voyage a toujours été une source d’inspiration pour les peintres, Il suffit pour s’en convaincre d’admirer les merveilleuses aquarelles de Delacroix au Maroc, de Gauguin lors de sa période tahitienne ou celles d’August Macke (1887 -1914) et Paul Klee (1879 -1940) lors de leurvoyage en Tunisie. Le voyage peut être un voyage dans son jardin ou à quelques lieues (Cézanne et la Montagne Ste Victoire) ou…dans l’imaginairemais c’est toujours un voyage.
Piet LAP, aquarelliste néerlandais quiadore voyager, (mais les Hollandais ne sont-ils pas de grands voyageurs ?) se demande si voyager n’est pas un alibi pour peindre ou bien l’inverse !! En tout état de cause, il nous ballade avec magie de la Hollande en Jordanie en passant par l’Italie et les Iles occidentales écossaises.
Ses aquarelles d’une grande simplicité, sans détail inutile, baignent dans la lumière. Elles sont imprégnées d’une atmosphère très représentative de notre mémoire ou notre imaginaire, car si je connais l’Italie et la Jordanie, je ne connais ni la Hollande, ni les Iles occidentales écossaises, sauf de façon livresque. On entend la vague se fracasser, on sent l’air chargé de brouillard, on sent le silence des grandes étendues d’eau et des vastes paysages de cesIles écossaises. On sent à la fois la chaleur du soleil et l’ombre fraîche des murs des canaux de Venise, l’ombre et la lumière du marché de poissons, la chaleur et la douceur des villes et villages italiens baignés de lumière. On ressent la lumière froide qui joue sur l’eau d’un port nordique, l’immensité du port de Rotterdam et la beauté d’une gare ferroviaire (celle de Maastricht).
Piet a eu la gentillesse de m’envoyer un petit mémo sur son travail, mémo demandé par un catalogue. Le voici :
“I am, by nature, an inquisitive person. That is why I like travelling. I am not sure whether this urge comes from the desire to go and paint somewhere,or, the other way round, painting is just an alibi to travel. Let us say the truth is somewhere in between. Anyhow, I prefer to travel light and the simple watercolour-equipment goes best with this restlessness.
I love making watercolours. I am a watercolourist for almost 40 years: a grown-up boy who is still messing around with a paintbox and who practises a profession of which uselessness is the essence.
Remarkable, that one can still be so fascinated by the colours of a maroccan soukh, the tragic carcasses of shipwrecks in a bay in Brittany or the theatrical changing light of the Highlands.
Of course, this is all a form of Romanticism. I love remote places. Nowhere I experience stronger as on the Scottish Western Isles that being exposed to the magic of these islands can mark a man for life, leaving him entangled in inexplicable enthousiasms for lazy days, bright skies and the noise of an encircling sea.
I never felt figuration an oppressing burden as was the case, for decades, in mainstream-art. On the contrary, I look upon working after observation as a source of elementary painters’pleasure: you see better and more.
Starting a new watercolour is like starting all over again, from the beginning, tabula rasa. Your paper is frightening white, you get nervous and in your brain a vague scenario builds up: what to do, in which order, which pace. Failure always lies in wait and you know that there is only little chance of making something really good. What keeps us going on is this feeling that hopefully never leaves us: the best work has still to be made, wait and see, tomorrow, or the day after…”
Tekst catalogus AIB 2010-Piet Lap