Magazine Journal intime
"J'veux qu'on rie, j'veux qu'on danse..."
Publié le 28 septembre 2009 par Cetaitdemainorg
Les paroles de Jacques Brel frémissent encore sur bien des lèvres. "J'veux qu'on rie/J'veux qu'on danse/J'veux qu'on s'amuse comme des fous/J'veux qu'on rie/J'veux qu'on danse/Quand c'est qu'on m'mettra dans le trou..." Mon père aimait sans doute cette philosophie-là. Il avait réservé dans sa cave quelques bouteilles pour que nous les buvions après sa mort. Tous ensemble. Nous n'avons pas dansé. Nous ne nous sommes pas amusés comme des fous. Mais à l'ombre d'un figuier qui nous berçait tendrement de ses palmes chargées de fruits d'or, en parlant de Lui et des petits riens de la vie aussi, le rire s'annonçait parfois entre les mots. La chaleur automnale brillait dans les yeux des enfants babillards cependant que les adolescents tenaient ici et là leurs conciliabules et nous, les anciens, pompant plus dur sur la cigarette, prenions en nous le nectar qu'Il avait voulu. Le vin et le pain, dans le partage comme une Cène puisqu'il croyait aux forces de l'esprit, avaient peut-être, à ce moment-là, la puissance du sang qui fait la vie. Ceux et celles qui me connaissent intimement savent que mon "vrai" père a été porté disparu dans les Aurès pendant la guerre d'Algérie. Mais voyez-vous, j'ai mis des guillemets à "vrai" et je les ai ôtés à mon père en parlant de Tadeusz/Michel Kurek. Notre soeur aînée, Chantal, a fait écrire "A notre père de coeur" sur l'une des gerbes. L'expression est juste mais le savais-je vraiment avant qu'il passe ? Allez ! J'veux qu'on rie quand c'est qu'on m'mettra dans le trou.