L'interview du chasseur de grillons

Publié le 29 septembre 2009 par Papote

Il y a quelques jours, j'ai eu l'immense honneur de me retrouver en présence d'un authentique chasseur de grillons...
L'oeil en alerte, la silhouette souple et prête à bondir sur sa proie... Un authentique aventurier comme on n'en voit que trop rarement !
Bien qu'intimidée, j'ai osé lui poser quelques questions afin qu'il nous fasse partager son monde et j'ai décidé de vous faire partager ce grand moment...

La Papote : Pouvez-vous nous dire comment vous est venue la vocation de chasseur de grillons ?
Le Chasseur : Un soir, dans ma vie bien tranquille de Monsieur-tout-le-monde, au moment de me coucher, un petit bruit est venu titiller mes oreilles. Au début, j'ai cru que c'était le lit qui grinçait mais je me suis vite aperçu que cela n'avait rien à voir mais qu'il allait falloir trouver une solution si je voulais fermer l'oeil et voilà comment l'aventure est entrée dans ma vie ou comment je suis entré dans l'aventure !

LP : Pouvez-vous nous dire (sans trahir le secret professionnel) quelle est votre technique ? Avez-vous besoin d'un matériel spécifique ?
LC : En fait, c'est très simple, j'ai une technique infaillible : devenir et penser grillon ! A partir de ce moment là, vous pouvez anticiper les mouvements de votre objectif, être en place sur la cible avant même qu'elle n'y songe elle-même. Après, au niveau du matériel, j'ai l'habitude d'utiliser le couvercle d'une boîte de poudre de riz des années 30 et un hebdomadaire politique pour finaliser la capture. Je suis très très superstitieux et je tiens particulièrement à utiliser toujours les mêmes instruments (si ce n'est le journal qui doit IM-PE-RA-TI-VE-MENT être de la semaine sinon ça perturbe ma concentration mais après l'avoir lu car il arrive qu'il ne ressorte pas indemne d'une nuit de chasse !) 

LP : Sans que vous y voyez d'impertinence de ma part, comment pouvez-vous "devenir et penser grillon" alors que, notamment, vos fémurs ne contiennent pas d'élastine, cette substance qui permet aux insectes de bondir sur de grandes distances ?
LC : J'ai subi et continue d'entretenir un entraînement physique spécifique afin de parfaire la musculature de mes fémurs. L'important est d'être dans la place, le reste est beaucoup une question de psychologie et d'investissement mental... On pourra rapprocher ça de l'Unagi friendlien (NDA : amateurs de la série Friends, vous vous souviendrez de ce concept fictif de karaté dont Ross essaye de faire la démonstration à Rachel et Phoebe - saison 6 - épisode 17

)

LP : Donc, vous nous parliez de votre "matériel" mais quel est votre façon de procéder ?
LC : C'est très simple, dès lors que je "suis" grillon, je me place silencieusement derrière ma cible. Où il va, je vais, ce qu'il pense, je le pense... Puis je bondis tel un chat, boîte de poudre de riz en avant, hebdomadaire dans l'autre main. Bon, il se peut que, parfois, le grillon soit un tantinet plus rapide que moi dans sa réaction parce que le grillon est fourbe et qu'il peut m'induire en erreur (et non m'enduire d'erreur...) en faisant semblant de penser à ceci ou cela mais, dans ce cas là, je ne me déconcentre pas et continue d'anticiper sa pensée. Donc, au maximum, je fais trois ou quatre sauts de cabri avant de réussir à capturer ma proie définitivement.

LP : On sait qu'en Chine, le grillon est signe de chance, d'espoir et il est fréquemment transporté par les gens, sur eux. Ne croyez-vous donc pas qu'il y aurait un marché à exploiter pour vos talents dans cette partie du monde ?
LC : Oui, je sais mais le travail de masse, à la chaîne ne correspond pas à mes envies de poésie et de liberté. A chaque grillon, il s'agit d'une rencontre émotionnellement forte. Je ne peux pas bâcler cette dimension pour favoriser mon profit pécuniaire et individualiste.

LP : Merci d'avoir répondu à mes questions. Bonne continuation et repassez nous voir à l'occasion pour nous faire encore partager vos folles aventures !
C'était La Papote, en direct d'un lieu tenu secret pour préserver l'anonymat de notre chasseur...

A bientôt !

La Papote