Lorsque le métro freine, il attend que les portes s'ouvrent et il sort ; cela surprend sa femme qui pensait que la situation durerait assez pour qu'il oublie dans quelle humeur il se trouvait l'instant d'avant. Elle émerge de sa torpeur soucieuse et elle pousse un cri. Un seul mais assez surprenant pour qu'il se retourne. Tendant la main et prenant garde que celle-ci ne la voit pas, elle désigne leur fille, tétine dans la bouche allongée dans sa poussette. Ce geste d'une mère qui pense à son enfant alors que son son amant lui tourne le dos me semble d'une beauté douloureuse et je me mords les lèvres pour ne pas pleurer.
Puis l'homme hausse les épaules et s'en va. L'enfant qui l'aperçoit alors sur le quai se met à pleurer mais il en a assez entendu pour aujourd'hui et il s'élance sans regret, vers la sortie.
Illustration : Casey Weldon