Au chapitre des inconvenants me suis offert une voix. Une voix qui fait choeur au plus profond du silence, qu'un accord méfiant rive à la nuit bruitée. Le jour je me tais, une taie sur les lèvres. Le jour ma voix observe, le jour je ne suis rien que ma voix monocorde, je me tais, et n'ébruite qu'une litanie d'usage. Je dis oui à tout ce que j'entends et comme tout ce que j'entends n'est pas ce que j'attends, mes acquiescements sont tout en un, je suis l'animal univoque, la licorne flétrie endossant le désert humain. Mais la nuit, la nuit quand tout s'éteint ma voix est une louange portée par le souffle des cîmes. Je retrouve mon pas de centaure, ma voix est un onguent appliqué sur les plaies du monde épuisé, je chante, j'éructe, je casse les oreilles, mes paroles sont un retour de pillage, dans l'échos duquel les peuples reconnaissent qu'il y a encore à prendre la où on leur dit le jour. Le jour et la souffrance d'avoir à mendier ce qui se montre mais jamais ne se révèle. Ma voix est le gueuloir d'où sur une litière on porte la mort des dieux célébrés par l'aphonie des rumeurs de l'affliction. Ma voix est la voie que je me suis creusé dans le sable des usages. Une arme pour le combat de naître.