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T'as beau pas être beau? C'est bien! dixit les Béatitudes. Foutage de gueule?

Publié le 01 octobre 2009 par Tellou

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Lc 6, 20-26 Jésus était arrêté dans la plaine et la foule l'entourait. Regardant alors ses disciples, Jésus dit : « Heureux, vous les pauvres : le royaume de Dieu est à vous ! Heureux, vous qui avez faim maintenant : vous serez rassasiés ! Heureux, vous qui pleurez maintenant : vous rirez ! « Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous repoussent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l'homme. Ce jour-là, soyez heureux et sautez de joie, car votre récompense est grande dans le ciel : c'est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes.
« Mais malheureux, vous les riches : vous avez votre consolation ! Malheureux, vous qui êtes repus maintenant : vous aurez faim ! Malheureux, vous qui riez maintenant : vous serez dans le deuil et vous pleurerez ! Malheureux êtes-vous quand tous les hommes disent du bien de vous : c'est ainsi que leurs pères traitaient les faux prophètes. »

En voilà donc un texte révoltant ! Personnellement il m’énerve, il me dérange. Il me dérange d’autant plus que nous avons tous connus ces situations où l’on est pauvre ou alors ou l’on nous insulte. Il y a quelques années, pas si longtemps que ça, toute bardée de diplômes que j’étais, je me suis retrouvée sans emploi, au RMI. Alors les paroles de Jésus me heurtent parce que quand on n’a pas 1 euro pour acheter une baguette de pain, on s’en fout un peu du royaume de Dieu qui est à nous. Quand on pleure parce que des fois il arrive bien que la vie soit un tantinet difficile, pour ne pas écrire ici que l’on se prend de grosses claques qui font bien mal, lire que finalement c’est cool et que l’on doit être heureux parce que nous sommes en Dieu, c’est un peu le cadet de nos soucis. Et non, je trouve que ça ne console pas mieux de savoir que les riches d’aujourd’hui, seront malheureux un jour…

Alors soit on se révolte contre ce texte, et à la limite je trouve ça sain de se révolter contre la Bible parce que ça implique qu’on ne la gobe pas non plus sans broncher. Bref, soit on se révolte et on envoie tout balader en disant que ce pauvre Jésus il avait vraiment pété un câble. Soit on reconsidère les choses. Hop, on se retourne le cerveau.

On peut commencer par prendre pour principe que la pauvreté cela peut être n’importe quelle pauvreté. Celle bien sûr physique (pas d’argent, pas de toit), mais aussi d’autres pauvretés, intellectuelles ou même émotionnelles.

Et là, on se rend compte que ces pauvretés, ces malheurs sont des manques, des vides en nous. Ces moments, ces choses qui font que l’on n’arrive pas à être soi à fond, à vivre à fond. Cela pourrait nous entraver dans la vie et cela va finalement devenir une force.

Alors qu’à contrario, la personne riche, heureuse est « plein » et n’a besoin de rien. Et surtout pas de Dieu. Elle se suffit à elle-même. Elle se satisfait de ses possessions, elle tourne sur elle-même et se contente d’elle-même. Elle n’a pas de désir et n’attend rien des autres. La personne qui est en déficit, matériel, d’amour, va se tourner vers les autres car elle attend beaucoup d’eux. Elle cherche, elle est en attente.

Or je crois que c’est là que Dieu nous attend. Dans cette quête, dans nos vides, dans nos relations avec les autres. Paradoxalement il faut être un peu vide pour être plein. Il faut avoir des déficits, des creux pour que Dieu puisse y trouver sa place.

Le Royaume de Dieu c’est à construire aujourd’hui et maintenant avec le seul outil que nous ayons : l’amour. C'est là que Dieu nous attend. Etre à son image, c'est aimer, ici et maintenant, être la preuve de sa présence, en étant présent au monde, en l'aimant. Mais pour cela il faut être en attente, il faut avoir des vides en soi à combler pour justement laisser de la place aux autres et à Dieu.


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