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LA JEUNE FILLE QUI MARCHE
La jeune fille qui marche dans les yeux des cailloux, refuse à l'arbre sa ceinture pour ne pas créer de précédent. Toute branche est avare. Les fruits saignent autour de l'oiseau abattu. De la lune, on peut brûler la langue qui nous lèche indifféremment. On peut colorer ses cendres, on peut aussi les jeter au vent. Ce n'est pas moi qui me vengerai de la lune. Dans la mer, je trie ses rayons. J'élève ailleurs l'ombre au rang de sorcière.
Edmond Jabès, « Trois filles de mon quartier » (1947-1948), Je bâtis ma demeure [1943-1957], Le Seuil, Le Sable, Poésies complètes 1943-1988, Gallimard, Collection Poésie, 2001, page 91.
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