Asylum years

Publié le 01 octobre 2009 par Zoridae
Quand je pleure au point que mon cœur me serre à hurler, je pense à la journée à venir, je m'imagine dans ma salle de cours, face à quelqu'un qui chante avec tout ce qu'il a de fragilité et de doutes, et je me dis que non ce n'est pas possible que je m'effondre... Alors je ne m'effondre pas.
Des journées entières je me tiens droite et je prodigue des conseils. Dans un coin de ma conscience affleure le souvenir des larmes, du cri de la veille et je me dis que je serais peut-être mieux, allongée par terre sur la moquette douteuse, à ne plus bouger, à me noyer dans mon chagrin mais ce n'est pas possible alors je chante, je donne l'exemple, oh, c'est presque drôle vu de l'intérieur !
Je reçois des SMS et des mails de proches qui me demandent si ça va mieux, que dire à part oui parce que je sens bien qu'ils sont déjà las même s'ils savent que la situation ne s'arrange pas, que ma petite sœur n'a pas retrouvé la raison... Que dire ? Alors je me tais et parfois je sens que je la perds la raison, moi aussi, je perds la joie, je perds mon passé à le tripatouiller au téléphone avec la mère de Ludivine, avec mon autre sœur Anna, je perds, je perds... Tout ?
Il y a quelques semaines, à la terrasse d'un café un ami m'avait raconté la vie de sa secrétaire. La poisse incarnée. J'avais ri avec les autres et j'avais même lancé "impossible d'en faire un roman, ce n'est pas crédible un destin pareil !" Maintenant je m'accuse d'avoir attiré le courroux de je ne sais quelle puissance mauvaise... Je n'ai jamais cru qu'en l'homme mais je deviens superstitieuse. Si seulement j'avais fermé ma grande gueule ! Et quand des corbeaux se posent sur mon chemin je les prie de foutre le camp et d'aller plutôt aider ma sœur.
Les insomnies ont cela de bon qu'au matin je vogue dans le flou. Je ne pense pas à Ludivine, je ne pense à rien, les idées refusent de s'enchaîner, je saute du coq à l'âne et se dégage de tant d'inconstance une impression de légèreté tandis que je traîne mon corps lourd d'une pièce à l'autre. J'ouvre ces pages et je me dis qu'ici aussi je suis un personnage, enjoué, constant, pfff, risible. Le noir dont je voulais me libérer au début de ce blog s'est peu à peu teinté de rose. J'y ai réfléchi souvent et j'expliquais cela par le fait qu'écrire régulièrement m'avait libéré de mes démons, je m'en réjouissais, après tout c'est mieux comme ça.
Mais les démons veillaient dans l'ombre. Ils attendaient l'occasion rêvée pour leur retour en fanfare.
Et voilà... Âmes sensible, passez votre chemin !
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