Si vous ne vivez pas sur une île déserte, vous avez sans doute entendu parler ces derniers jours de l'enlèvement et du meurtre d'une joggeuse de 42 ans par un charmant personnage armé d'un couteau, qui a avoué et indiqué où se trouvait le corps. Je ne reviendrai pas sur les détails, mais cet évènement me donne l'occasion sinistre d'argumenter sur notre belle justice.
En effet, le charmant personnage en question avait été condamné, en 2002, à 11 ans de prison pour avoir enlevé et violé une jeune fille de 13 ans. 2002 + 11 ans??? Non, vous ne rêvez pas et si, vous savez toujours compter: il a été bénéficié d'une libération conditionnelle en 2007, soit après une petite moitié de sa peine.
Alors dites-moi si je déraille complètement, mais 1) je trouve que 11 ans pour le viol d'une mineure, c'est plutôt laxiste, et 2) dans tous les cas, 5 ou 6 ans ce n'est certainement pas assez!!!
Car attendez le plus drôle: de ce que j'ai lu sur internet, notre charmant personnage avait interdiction de s'installer à proximité du domicile de sa jeune victime pendant sa conditionnelle ; mais après la fin de cette "peine", il a pu retourner vivre à quelques centaines de mètres de chez elle. Pas du tout traumatisant! Là encore, bravo la justice.
Faut-il vraiment s'étonner que ce genre de personne recommence à la première occasion, quand il croise une femme en train de courir, et qu'il porte "comme par hasard" un couteau sur lui? Car c'est la version de son avocat: il a agi par hasard, "sous le coup d'une pulsion". Ouais, ben les pulsions, tout le monde en a (peut-être pas ce genre là, mais ce n'est pas le sujet), et des tas de gens vivent très bien avec sans embarquer une femme dans leur coffre et la tuer! C'est bien triste si quelques charmants personnages en sont incapables, mais dans ce cas-là, il est de la responsabilité de la justice de les mettre hors d'état de nuire. En les gardant en taule un peu plus de 5 ans, par exemple...
Cela me fait penser à un débat/docu sur Arte, que j'avais vu il y a quelques années, à l'occasion d'un nouveau viol d'un violeur en série qui venait d'être libéré de prison. Un juge interrogé avait fait une remarque qui m'a marquée (et choquée), en gros cela donnait "on ne peut pas enfermer quelqu'un à vie, parce qu'on ne peut pas décemment lui enlever tout espoir". Excusez ma grossiéreté, mais qu'est-ce qu'on en a à foutre, de l'espoir de ce genre de personnes? Où est l'espoir dans l'enfance arrachée à la petite victime du charmant personnage n°1, la vie volée à cette jeune joggeuse, et celles, piétinées, de toutes les victimes du charmant personnage n°2? Et cela, en considérant seulement qu'on ait un "droit à l'espoir": un chômeur en instance de divorce n'en garde pas forcément, c'est bien triste, mais on n'en fait pas toute une histoire!
Mon opinion est claire à ce sujet: on n'a à respecter l' "espoir" d'une personne, que tant qu'elle respecte celui des autres ; quand on viole, qu'on tue, qu'on bafoue aussi sauvagement les droits des autres, on renonce aux siens propres. Attention, je ne parle pas ici de la peine de mort (à laquelle je suis opposée, pour des raisons éthiques, d'efficacité et d'erreurs possibles) ou des conditions de vie des prisonniers ; comme on est des gens civilisés, on enferme ceux qui ne le sont pas dans des conditions les plus humaines possibles (que la France ne respecte de toute évidence pas, mais c'est une toute autre question).
Mais il faut arrêter de poser les coupables en victimes! Sans parler de "punition" ou de "compensation" (qui dans les cas évoqués ne respectent certainement pas le préjudice subi par les victimes), la société doit se protéger de ceux qui bafouent les lois. Ce qui veut dire, notamment, ne pas relâcher quelqu'un dont on est raisonnablement certain qu'il va récidiver (et il me semble évident qu'un violeur n'est pas très bien dans sa tête, et qu'il a souvent toutes les chances de recommencer), surtout sans le faire passer par des traitements ou thérapies (qui marchent ou non, c'est encore un autre sujet ; mais dans tous les cas, laisser quelqu'un en prison quelques années ne suffit pas à le changer, en tout cas pas pour ceux qui agissent sur des "pulsions", comme dit l'avocat comme si c'était une circonstance atténuante...)
Et si cette phrase que je citais m'a autant choquée, c'est aussi parce que c'est un juge qui la prononce. Pas un avocat, de la part duquel cela me semblerait relativement "normal" ou du moins "logique". Un juge! Dans mon esprit, celui-ci est censé être objectif, impartial, évaluer le préjudice subi, les circonstances atténuantes ou aggravantes, la dangerosité de l'accusé, et en tirer une punition raisonnable. Certainement pas s'inquiéter des conséquences de sa décision sur l'accusé, qui pourrait être traumatisé, le pauvre... Le juge représente la société, pas les criminels! Pour ça, ils ont des avocats...
Bref, j'en aurais encore beaucoup à dire mais je vais m'arrêter là ; avec juste une dernière remarque: la prison à perpétuité n'existe plus en France. On peut avoir tué quelqu'un, on est sûr de sortir un jour de prison, à moins de s'y faire tuer (je schématise, mais en gros, c'est ça, car les criminels âgés qui n'ont pas purgé leur peine sont souvent autorisés à sortir pour "mourir dignement"). Donc, en gros, la société est incapable de protéger ses membres d'un individu de façon durable, ce qui est quand même assez inquiétant. De plus, cela provoque un certain "tassement" des peines: quelqu'un qui commet un meurtre "passionnel" (nouveau mot utilisé à toutes les sauces comme si c'était moins grave, alors que justement cela laisse penser que la personne ne peut pas se contrôler) peut même sortir après moins de temps en prison qu'un cambrioleur ou un braqueur de banque qui n'a jamais tué personne (et ce n'est que mon opinion personnelle, mais je classe "voler", même violemment, une catégorie en-dessous de "tuer" et "violer")... Viva la justicia!
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 02 octobre à 17:56
Le juge parlait d'espoir en l'humanité. Les français à l'image de notre omniprésident s'improvisent désormais juge, avocat, psy... Malheureusement l'erreur est humaine et cette histoire en est la preuve. De la a castrer ou enfermer à vie tous les violeurs et assassins ... C'est facile, moi aussi l'histoire de Marie Christine Hodeau m'est insupportable mais j'en veux plus à la gendarmerie qui a pris son appel pendant plus de deux minutes et a reussi à la faire repérer par l'assassin ainsi qu'à la justice francaise qui s'est planté sur son assassin, qu'a l'humanité toute entière. Le monde a besoin d'espoir, c'est une évidence. On ne nait pas délinquant tout court ou délinquant sexuel comme Sarko veut vous le faire croire. On peut aussi s'améliorer !!! Il faut un certain courage pour le dire, mais l'espoir face à la peur, doit vaincre pour la construction d'un monde de Paix !!! Et ce malgré ces faits divers qui existent et ont toujours existé de manière universelle... Cela s'appelle la folie humaine !