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Les plus beaux textes sur Notre-Dame : saint Ambroise (339-397)

Publié le 03 octobre 2009 par Hermas

Mosaïque de la Basilique de Saint Ambroise de Milan

Marie, Miroir des Vierges

Les plus beaux textes sur Notre-Dame : saint Ambroise (339-397)
C'est l'ardeur à l'étude qui fait d'abord la noblesse du maître. Quoi de plus noble que la Mère de Dieu ? Quoi de plus splendide que celle-là même qu'a choisie la splendeur ? Quoi de plus chaste que celle qui a engendré le corps sans souillure corporelle ? Et que dire de ses autres vertus ? Elle était vierge, non seulement de corps, mais d'esprit, elle dont jamais les ruses du péché n'ont altéré la pureté : humble de cœur, réfléchie dans ses propos, prudente, avare de paroles, avide de lecture ; elle mettait son espoir non dans l'incertitude de ses richesses, mais dans la prière des pauvres ; appliquée à l'ouvrage, réservée, elle prenait pour juge de son âme non l'homme, mais Dieu ; ne blessant jamais, bienveillante à tous, pleine de respect pour les vieillards, sans jalousie pour ceux de son âge, elle fuyait la jactance, suivait la raison, aimait la vertu. Quand donc offensa-t-elle ses parents, ne fût-ce que dans son attitude ? Quand la vit-on en désaccord avec ses proches ? Quand repoussa-t-elle l'humble avec dédain, se moqua-t-elle du faible, évita-t-elle le miséreux ? Elle ne fréquentait que les seules réunions d'hommes où, venue par charité, elle n'eût pas à rougir ni à souffrir dans sa modestie. Aucune dureté dans son regard, aucune licence dans ses paroles, aucune imprudence en ses actes ; rien de heurté dans le geste, de relâché dans la démarche, d'insolent dans la voix : son attitude extérieure était l'image même de son âme, le reflet de sa droiture. Une bonne maison doit se reconnaître à son vestibule, et bien montrer dès l'entrée qu'elle ne recèle pas de ténèbres ; ainsi notre âme doit-elle, sans être entravée par le corps, donner au dehors sa lumière, semblable à la lampe qui répand de l'intérieur sa clarté [Phtot : Mosaïque de la Basilique de Saint Ambroise de Milan]

Bien que Mère du Seigneur, elle aspirait pourtant à apprendre les préceptes du Seigneur; elle qui avait enfanté Dieu, souhaitait pourtant de connaître Dieu.

Elle est le modèle de la virginité. La vie de Marie doit être en effet à elle seule un exemple pour tous. Si donc nous aimons l'auteur, apprécions aussi l'œuvre ; et que toutes celles qui aspirent à ses privilèges imitent son exemple. Que de vertus éclatent en une seule vierge ! Asile de la pureté, étendard de 1a foi, modèle de la dévotion ; vierge dans la maison, auxiliaire pour le sacerdoce, mère dans le temple.

Combien de vierges ira-t-elle chercher pour les prendre dans ses bras et les conduire au Seigneur, disant : Voici celle qui a gardé le lit de mon fils, celle qui a gardé la couche nuptiale dans une pureté immaculée. Et de même, le Seigneur les confiera au Père, redisant la parole qu'il aimait : " Père saint, voici celles que je t'ai gardées, sur lesquelles le Fils de l'homme inclinant la tête s'est reposé ; je demande que là où je suis, elles soient avec moi. Mais puisque n'ayant pas vécu pour elles seules, elles ne doivent pas se sauver seules, puissent-elles racheter, l'une ses parents, l'autre ses frères. Père juste, le monde ne m'a pas connu, mais elles m'ont connu, et elles n'ont pas voulu connaître le monde. "

Quel cortège, quels applaudissements d'allégresse parmi les anges ! Elle a mérité d'habiter le ciel, celle qui a vécu dans le siècle une vie céleste. Alors Marie, prenant le tambourin, conduira les chœurs des vierges chantant au Seigneur, et bénissant d'avoir traversé la mer du siècle sans sombrer dans ses remous. Alors, toutes exulteront, disant : J'entrerai à l'autel de mon Dieu, du Dieu qui réjouit ma jeunesse. J'immole à Dieu un sacrifice de louange, et j'offre mes vœux au Très-Haut.

Et je ne doute pas que devant vous ne s'ouvrent tout grands les autels de Dieu, vous dont j'oserais dire que les âmes sont des autels où chaque jour, pour la rédemption du Corps mystique, 1e Christ est immolé. Car si le corps de la Vierge est le temple de Dieu, que dire de l'âme, qui, mise à nu par la main du Prêtre éternel, les cendres du corps pour ainsi dire écartées, exhale la chaleur du feu divin ? Bienheureuses vierges, embaumées du parfum immortel de la grâce, comme les jardins par les fleurs, les temples par le culte divin, les autels par le prêtre.

Extrait du De Virginibus, dédié en 377 par saint Ambroise à sa sœur Marcelline, religieuse à Rome. P.L., 16, col. 209 et ss. (trad. de Mlle Mestivier).

Enseignement du Pape Benoît XVI sur Saint Ambroise (24 octobre 2007)

Saint Ambroise

Le saint Evêque Ambroise - dont je vous parlerai aujourd'hui - mourut à Milan dans la nuit du 3 au 4 avril 397. C'était l'aube du Samedi Saint. La veille, vers cinq heures de l'après-midi, il s'était mis à prier, étendu sur son lit, les bras ouverts en forme de croix. Il participait ainsi, au cours du solennel triduum pascal, à la mort et à la résurrection du Seigneur. "Nous voyions ses lèvres bouger", atteste Paulin, le diacre fidèle qui, à l'invitation d'Augustin, écrivit sa Vie, "mais nous n'entendions pas sa voix". Tout d'un coup, la situation parut précipiter. Honoré, Evêque de Verceil, qui assistait Ambroise et qui se trouvait à l'étage supérieur, fut réveillé par une voix qui lui disait:  "Lève-toi, vite! Ambroise va mourir...". Honoré descendit en hâte - poursuit Paulin - "et présenta le Corps du Seigneur au saint. A peine l'eut-il pris et avalé, Ambroise rendit l'âme, emportant avec lui ce bon viatique. Ainsi, son âme, restaurée par la vertu de cette nourriture, jouit à présent de la compagnie des anges" (Vie 47). En ce Vendredi Saint de l'an 397, les bras ouverts d'Ambroise mourant exprimaient sa participation mystique à la mort et à la résurrection du Seigneur. C'était sa dernière catéchèse:  dans le silence des mots, il parlait encore à travers le témoignage de sa vie.

Ambroise n'était pas vieux lorsqu'il mourut. Il n'avait même pas soixante ans, étant né vers 340 à Trèves, où son père était préfet des Gaules. Sa famille était chrétienne. A la mort de son père, sa mère le conduisit à Rome alors qu'il était encore jeune homme, et le prépara à la carrière civile, lui assurant une solide instruction rhétorique et juridique. Vers 370, il fut envoyé gouverner les provinces de l'Emilie et de la Ligurie, son siège étant à Milan. C'est précisément en ce lieu que faisait rage la lutte entre les orthodoxes et les ariens, en particulier après la mort de l'Evêque arien Auxence. Ambroise intervint pour pacifier les âmes des deux factions adverses, et son autorité fut telle que, bien que n'étant qu'un simple catéchumène, il fut acclamé Evêque de Milan par le peuple.

Jusqu'à ce moment, Ambroise était le plus haut magistrat de l'Empire dans l'Italie du Nord. Culturellement très préparé, mais tout aussi démuni en ce qui concerne l'approche des Ecritures, le nouvel Evêque se mit à étudier avec ferveur. Il apprit à connaître et à commenter la Bible à partir des œuvres d'Origène, le maître incontesté de l'"école alexandrine". De cette manière, Ambroise transféra dans le milieu latin la méditation des Ecritures commencée par Origène, en introduisant en Occident la pratique de la lectio divina. La méthode de la lectio finit par guider toute la prédication et les écrits d'Ambroise, qui naissent précisément de l'écoute orante de la Parole de Dieu. Un célèbre préambule d'une catéchèse ambrosienne montre de façon remarquable comment le saint Evêque appliquait l'Ancien Testament à la vie chrétienne:  "Lorsque nous lisions les histoires des Patriarches et les maximes des Proverbes, nous parlions chaque jour de morale - dit l'Evêque de Milan à ses catéchumènes et à ses néophytes - afin que, formés et instruits par ceux-ci, vous vous habituiez à entrer dans la vie des Pères et à suivre le chemin de l'obéissance aux préceptes divins" (Les mystères, 1, 1). En d'autres termes, les néophytes et les catéchumènes, selon l'Evêque, après avoir appris l'art de bien vivre, pouvaient désormais se considérer préparés aux grands mystères du Christ. Ainsi, la prédication d'Ambroise - qui représente le noyau fondamental de son immense œuvre littéraire - part de la lecture des Livres saints ("les Patriarches", c'est-à-dire les Livres historiques, et "les Proverbes", c'est-à-dire les Livres sapientiels), pour vivre conformément à la Révélation divine.

Il est évident que le témoignage personnel du prédicateur et le niveau d'exemplarité de la communauté chrétienne conditionnent l'efficacité de la prédication. De ce point de vue, un passage des Confessions de saint Augustin est significatif. Il était venu à Milan comme professeur de rhétorique; il était sceptique, non chrétien. Il cherchait, mais il n'était pas en mesure de trouver réellement la vérité chrétienne. Ce qui transforma le cœur du jeune rhéteur africain, sceptique et désespéré, et le poussa définitivement à la conversion, ne furent pas en premier lieu les belles homélies (bien qu'il les appréciât) d'Ambroise. Ce fut plutôt le témoignage de l'Evêque et de son Eglise milanaise, qui priait et chantait, unie comme un seul corps. Une Eglise capable de résister aux violences de l'empereur et de sa mère, qui aux premiers jours de l'année 386, avaient recommencé à prétendre la réquisition d'un édifice de culte pour les cérémonies des ariens. Dans l'édifice qui devait être réquisitionné - raconte Augustin - "le peuple pieux priait, prêt à mourir avec son Evêque". Ce témoignage des Confessions est précieux, car il signale que quelque chose se transformait dans le cœur d'Augustin, qui poursuit:  "Nous aussi, bien que spirituellement encore tièdes, nous participions à l'excitation du peuple tout entier" (Confessions 9, 7).

Augustin apprit à croire et à prêcher à partir de la vie et de l'exemple de l'Evêque Ambroise. Nous pouvons nous référer à un célèbre sermon de l'Africain, qui mérita d'être cité de nombreux siècles plus tard dans la Constitution conciliaire Dei Verbum:  "C'est pourquoi - avertit en effet Dei Verbum au n. 25 - tous les clercs, en premier lieu les prêtres du Christ, et tous ceux qui vaquent normalement, comme diacres ou comme catéchistes, au ministère de la Parole, doivent, par une lecture spirituelle assidue et par une étude approfondie, s'attacher aux Ecritures, de peur que l'un d'eux ne devienne "un vain prédicateur de la Parole de Dieu au-dehors, lui qui ne l'écouterait pas au-dedans de lui"". Il avait appris précisément d'Ambroise cette "écoute au-dedans", cette assiduité dans la lecture des Saintes Ecritures, dans une attitude priante, de façon à accueillir réellement dans son cœur la Parole de Dieu et à l'assimiler.

Les plus beaux textes sur Notre-Dame : saint Ambroise (339-397)
Chers frères et sœurs, je voudrais vous proposer encore une sorte d'"icône patristique", qui, interprétée à la lumière de ce que nous avons dit, représente efficacement "le cœur" de la doctrine ambrosienne. Dans son sixième livre des Confessions, Augustin raconte sa rencontre avec Ambroise, une rencontre sans aucun doute d'une grande importance dans l'histoire de l'Eglise. Il écrit textuellement que, lorsqu'il se rendait chez l'Evêque de Milan, il le trouvait régulièrement occupé par des catervae de personnes chargées de problèmes, pour les nécessités desquelles il se prodiguait; il y avait toujours une longue file qui attendait de pouvoir parler avec Ambroise, pour chercher auprès de lui le réconfort et l'espérance. Lorsqu'Ambroise n'était pas avec eux, avec les personnes, (et cela ne se produisait que très rarement), il restaurait son corps avec la nourriture nécessaire, ou nourrissait son esprit avec des lectures. Ici, Augustin s'émerveille, car Ambroise lisait l'Ecriture en gardant la bouche close, uniquement avec les yeux (cf. Confess. 6, 3). De fait, au cours des premiers siècles chrétiens la lecture était strictement conçue dans le but de la proclamation, et lire à haute voix facilitait également la compréhension de celui qui lisait. Le fait qu'Ambroise puisse parcourir les pages uniquement avec les yeux, révèle à un Augustin admiratif une capacité singulière de lecture et de familiarité avec les Ecritures. Et bien, dans cette "lecture du bout des lèvres", où le cœur s'applique à parvenir à la compréhension de la Parole de Dieu - voici "l'icône" dont nous parlons -, on peut entrevoir la méthode de la catéchèse ambrosienne:  c'est l'Ecriture elle-même, intimement assimilée, qui suggère les contenus à annoncer pour conduire à la conversion des cœurs [Photo : Anthonis van Dyck, Ambroise et l'empereur Théodose, XVIIe siècle].

Ainsi, selon le magistère d'Ambroise et d'Augustin, la catéchèse est inséparable du témoignage de la vie. Ce que j'ai écrit dans l'Introduction au christianisme, à propos du théologien, peut aussi servir pour le catéchiste. Celui qui éduque à la foi ne peut pas risquer d'apparaître comme une sorte de clown, qui récite un rôle "par profession". Il doit plutôt être - pour reprendre une image chère à Origène, écrivain particulièrement apprécié par Ambroise - comme le disciple bien-aimé, qui a posé sa tête sur le cœur du Maître, et qui a appris là la façon de penser, de parler, d'agir. Pour finir, le véritable disciple est celui qui annonce l'Evangile de la manière la plus crédible et efficace.

Comme l'Apôtre Jean, l'Evêque Ambroise - qui ne se lassait jamais de répéter:  "Omnia Christus est nobis!; le Christ est tout pour nous!" - demeure un authentique témoin du Seigneur. Avec ses paroles, pleines d'amour pour Jésus, nous concluons ainsi notre catéchèse:  "Omnia Christus est nobis! Si tu veux guérir une blessure, il est le médecin; si la fièvre te brûle, il est la source; si tu es opprimé par l'iniquité, il est la justice; si tu as besoin d'aide, il est la force; si tu crains la mort, il est la vie; si tu désires le ciel, il est le chemin; si tu es dans les ténèbres, il est la lumière... Goûtez et voyez comme le Seigneur est bon:  bienheureux l'homme qui espère en lui!" (De virginitate, 16, 99). Plaçons nous aussi notre espérance dans le Christ. Nous serons ainsi bienheureux et nous vivrons en paix.


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