Mosaïque de la Basilique de Saint Ambroise de Milan
Marie, Miroir des Vierges
Bien que Mère du Seigneur, elle aspirait pourtant à apprendre les préceptes du Seigneur; elle qui avait enfanté Dieu, souhaitait pourtant de connaître Dieu.
Elle est le modèle de la virginité. La vie de Marie doit être en effet à elle seule un exemple pour tous. Si donc nous aimons l'auteur, apprécions aussi l'œuvre ; et que toutes celles qui aspirent à ses privilèges imitent son exemple. Que de vertus éclatent en une seule vierge ! Asile de la pureté, étendard de 1a foi, modèle de la dévotion ; vierge dans la maison, auxiliaire pour le sacerdoce, mère dans le temple.
Combien de vierges ira-t-elle chercher pour les prendre dans ses bras et les conduire au Seigneur, disant : Voici celle qui a gardé le lit de mon fils, celle qui a gardé la couche nuptiale dans une pureté immaculée. Et de même, le Seigneur les confiera au Père, redisant la parole qu'il aimait : " Père saint, voici celles que je t'ai gardées, sur lesquelles le Fils de l'homme inclinant la tête s'est reposé ; je demande que là où je suis, elles soient avec moi. Mais puisque n'ayant pas vécu pour elles seules, elles ne doivent pas se sauver seules, puissent-elles racheter, l'une ses parents, l'autre ses frères. Père juste, le monde ne m'a pas connu, mais elles m'ont connu, et elles n'ont pas voulu connaître le monde. "
Quel cortège, quels applaudissements d'allégresse parmi les anges ! Elle a mérité d'habiter le ciel, celle qui a vécu dans le siècle une vie céleste. Alors Marie, prenant le tambourin, conduira les chœurs des vierges chantant au Seigneur, et bénissant d'avoir traversé la mer du siècle sans sombrer dans ses remous. Alors, toutes exulteront, disant : J'entrerai à l'autel de mon Dieu, du Dieu qui réjouit ma jeunesse. J'immole à Dieu un sacrifice de louange, et j'offre mes vœux au Très-Haut.
Et je ne doute pas que devant vous ne s'ouvrent tout grands les autels de Dieu, vous dont j'oserais dire que les âmes sont des autels où chaque jour, pour la rédemption du Corps mystique, 1e Christ est immolé. Car si le corps de la Vierge est le temple de Dieu, que dire de l'âme, qui, mise à nu par la main du Prêtre éternel, les cendres du corps pour ainsi dire écartées, exhale la chaleur du feu divin ? Bienheureuses vierges, embaumées du parfum immortel de la grâce, comme les jardins par les fleurs, les temples par le culte divin, les autels par le prêtre.
Extrait du De Virginibus, dédié en 377 par saint Ambroise à sa sœur Marcelline, religieuse à Rome. P.L., 16, col. 209 et ss. (trad. de Mlle Mestivier).
Enseignement du Pape Benoît XVI sur Saint Ambroise (24 octobre 2007)
Saint Ambroise
Le saint Evêque Ambroise - dont je vous parlerai aujourd'hui - mourut à Milan dans la nuit du 3 au 4 avril 397.
C'était l'aube du Samedi Saint. La veille, vers cinq heures de l'après-midi, il s'était mis à prier, étendu sur son lit, les bras ouverts en forme de croix. Il participait ainsi, au cours du
solennel triduum pascal, à la mort et à la résurrection du Seigneur. "Nous voyions ses lèvres bouger", atteste Paulin, le diacre fidèle qui, à l'invitation d'Augustin, écrivit sa Vie, "mais nous
n'entendions pas sa voix". Tout d'un coup, la situation parut précipiter. Honoré, Evêque de Verceil, qui assistait Ambroise et qui se trouvait à l'étage supérieur, fut réveillé par une voix qui
lui disait: "Lève-toi, vite! Ambroise va mourir...". Honoré descendit en hâte - poursuit Paulin - "et présenta le Corps du Seigneur au saint. A peine l'eut-il pris et avalé, Ambroise rendit
l'âme, emportant avec lui ce bon viatique. Ainsi, son âme, restaurée par la vertu de cette nourriture, jouit à présent de la compagnie des anges" (Vie 47). En ce Vendredi
Saint de l'an 397, les bras ouverts d'Ambroise mourant exprimaient sa participation mystique à la mort et à la résurrection du Seigneur. C'était sa dernière catéchèse: dans le silence des
mots, il parlait encore à travers le témoignage de sa vie.
Ambroise n'était pas vieux lorsqu'il mourut. Il n'avait même pas soixante ans, étant né vers 340 à Trèves, où son
père était préfet des Gaules. Sa famille était chrétienne. A la mort de son père, sa mère le conduisit à Rome alors qu'il était encore jeune homme, et le prépara à la carrière civile, lui
assurant une solide instruction rhétorique et juridique. Vers 370, il fut envoyé gouverner les provinces de l'Emilie et de la Ligurie, son siège étant à Milan. C'est précisément en ce lieu que
faisait rage la lutte entre les orthodoxes et les ariens, en particulier après la mort de l'Evêque arien Auxence. Ambroise intervint pour pacifier les âmes des deux factions adverses, et son
autorité fut telle que, bien que n'étant qu'un simple catéchumène, il fut acclamé Evêque de Milan par le peuple.
Jusqu'à ce moment, Ambroise était le plus haut magistrat de l'Empire dans l'Italie du Nord. Culturellement très
préparé, mais tout aussi démuni en ce qui concerne l'approche des Ecritures, le nouvel Evêque se mit à étudier avec ferveur. Il apprit à connaître et à commenter la Bible à partir des œuvres
d'Origène, le maître incontesté de l'"école alexandrine". De cette manière, Ambroise transféra dans le milieu latin la méditation des Ecritures commencée par Origène, en introduisant en Occident
la pratique de la lectio divina. La méthode de la lectio finit par guider toute la prédication et les écrits d'Ambroise, qui naissent précisément de l'écoute orante de la Parole de Dieu. Un
célèbre préambule d'une catéchèse ambrosienne montre de façon remarquable comment le saint Evêque appliquait l'Ancien Testament à la vie chrétienne: "Lorsque nous lisions les histoires des
Patriarches et les maximes des Proverbes, nous parlions chaque jour de morale - dit l'Evêque de Milan à ses catéchumènes et à ses néophytes - afin que, formés et instruits par ceux-ci, vous vous
habituiez à entrer dans la vie des Pères et à suivre le chemin de l'obéissance aux préceptes divins" (Les mystères, 1, 1). En d'autres termes, les néophytes et les catéchumènes, selon
l'Evêque, après avoir appris l'art de bien vivre, pouvaient désormais se considérer préparés aux grands mystères du Christ. Ainsi, la prédication d'Ambroise - qui représente le
noyau fondamental de son immense œuvre littéraire - part de la lecture des Livres saints ("les Patriarches", c'est-à-dire les Livres historiques, et "les Proverbes", c'est-à-dire les Livres
sapientiels), pour vivre conformément à la Révélation divine.
Il est évident que le témoignage personnel du prédicateur et le niveau d'exemplarité de la communauté chrétienne
conditionnent l'efficacité de la prédication. De ce point de vue, un passage des Confessions de saint Augustin est significatif. Il était venu à Milan comme professeur de rhétorique; il était
sceptique, non chrétien. Il cherchait, mais il n'était pas en mesure de trouver réellement la vérité chrétienne. Ce qui transforma le cœur du jeune rhéteur africain, sceptique et désespéré, et le
poussa définitivement à la conversion, ne furent pas en premier lieu les belles homélies (bien qu'il les appréciât) d'Ambroise. Ce fut plutôt le témoignage de l'Evêque et de son Eglise milanaise,
qui priait et chantait, unie comme un seul corps. Une Eglise capable de résister aux violences de l'empereur et de sa mère, qui aux premiers jours de l'année 386, avaient recommencé à prétendre
la réquisition d'un édifice de culte pour les cérémonies des ariens. Dans l'édifice qui devait être réquisitionné - raconte Augustin - "le peuple pieux priait, prêt à mourir avec son Evêque". Ce
témoignage des Confessions est précieux, car il signale que quelque chose se transformait dans le cœur d'Augustin, qui poursuit: "Nous aussi, bien que spirituellement encore tièdes, nous
participions à l'excitation du peuple tout entier" (Confessions 9, 7).
Augustin apprit à croire et à prêcher à partir de la vie et de l'exemple de l'Evêque Ambroise. Nous pouvons nous
référer à un célèbre sermon de l'Africain, qui mérita d'être cité de nombreux siècles plus tard dans la Constitution conciliaire Dei Verbum: "C'est pourquoi -
avertit en effet Dei Verbum au n. 25 - tous les clercs, en premier lieu les prêtres du Christ, et tous ceux qui vaquent normalement, comme diacres ou comme catéchistes, au ministère de la Parole,
doivent, par une lecture spirituelle assidue et par une étude approfondie, s'attacher aux Ecritures, de peur que l'un d'eux ne devienne "un vain prédicateur de la Parole de Dieu au-dehors, lui
qui ne l'écouterait pas au-dedans de lui"". Il avait appris précisément d'Ambroise cette "écoute au-dedans", cette assiduité dans la lecture des Saintes Ecritures, dans une attitude priante, de
façon à accueillir réellement dans son cœur la Parole de Dieu et à l'assimiler.
Ainsi, selon le magistère d'Ambroise et d'Augustin, la catéchèse est inséparable du témoignage de la vie. Ce que
j'ai écrit dans l'Introduction au christianisme, à propos du théologien, peut aussi servir pour le catéchiste. Celui qui éduque à la foi ne peut pas risquer d'apparaître comme une sorte de clown,
qui récite un rôle "par profession". Il doit plutôt être - pour reprendre une image chère à Origène, écrivain particulièrement apprécié par Ambroise - comme le disciple bien-aimé, qui a posé sa
tête sur le cœur du Maître, et qui a appris là la façon de penser, de parler, d'agir. Pour finir, le véritable disciple est celui qui annonce l'Evangile de la manière la plus crédible et
efficace.
Comme l'Apôtre Jean, l'Evêque Ambroise - qui ne se lassait jamais de répéter: "Omnia Christus est nobis!; le Christ est tout pour nous!" - demeure un authentique témoin du Seigneur. Avec ses paroles, pleines d'amour pour Jésus, nous concluons ainsi notre catéchèse: "Omnia Christus est nobis! Si tu veux guérir une blessure, il est le médecin; si la fièvre te brûle, il est la source; si tu es opprimé par l'iniquité, il est la justice; si tu as besoin d'aide, il est la force; si tu crains la mort, il est la vie; si tu désires le ciel, il est le chemin; si tu es dans les ténèbres, il est la lumière... Goûtez et voyez comme le Seigneur est bon: bienheureux l'homme qui espère en lui!" (De virginitate, 16, 99). Plaçons nous aussi notre espérance dans le Christ. Nous serons ainsi bienheureux et nous vivrons en paix.