Magazine Journal intime

Cliché or not cliché ?

Publié le 05 octobre 2009 par Cameron

L’autre soir, en me promenant, j’ai profité d’une belle lune. Une lune pleine, bien crémeuse, bref une lune de cliché. Elle avait quand même un petit côté parisien, puisqu’on ne voyait aucune des étoiles qui devaient pourtant accompagner ce ciel clair, mais à part ça, c’était une lune de roman.

Sur le moment, évidemment, je n’ai pas pensé à la décrire, je l’ai juste admirée. J’aime bien la lune. En continuant ma promenade, j’ai pensé à ce que je pourrai en dire, ici même, note rapide d’un instant de beauté, et c’est alors seulement que je me suis trouvée confrontée au cliché. Au cliché pur et dur. Qu’allais-je raconter, en fait ? De quoi allais-je témoigner qui n’avait pas déjà été relevé mille fois ? Le problème du cliché, c’est bien qu’il contient une part de vérité, ou plutôt de réalité, incontournable. Rien ne ressemble plus à une description de lune qu’une… ma foi, description de lune.

J’en ai donc conclu que je n’avais rien à dire d’intéressant sur la petite lune qui montait derrière mon épaule, l’autre soir. Ni sur l’étrange émotion que suscitait en moi ce spectacle, si fréquent pourtant, chaque fois nouveau à mes yeux. D’ailleurs, ai-je jamais quelque chose à dire à propos de ce genre de beauté ? Un petit moment agréable est devenu simplement douloureux, parce qu’impossible à mettre en mots de manière adéquate. Cela m’a renvoyée à deux notions aussi désagréables l’une que l’autre, et que j’avais momentanément écartées : d’abord, l’incommunicabilité radicale de tout ce qui est de l’ordre du ressenti, ensuite la vérité du fait que tout a déjà été dit sur tout. Mais les deux ne sont-elles pas contradictoires, au fond ? Pas vraiment, je suppose, elles sont simplement, l’une et l’autre, paralysantes. Bref, j’ai regardé la lune, l’autre soir, et je n’ai pensé à rien de spécial en le faisant. C’était beau. Le moment est passé. Je n’avais pas grand-chose à dire. Peut-être fallait-il juste accepter le cliché pour savourer l’instant. Peut-être ai-je laissé gâcher un plaisir simple par le désir de le rapporter, ce qui revient à dire que l’échec est double. J’aurais bien voulu qu’il en soit autrement, bien voulu que des mots viennent sanctionner un moment particulier, mais ni le moment lui-même, ni les mots qui venaient pour le décrire, n’étaient intéressants, voilà tout. Et je ne me suis pas battue pour qu'ils le deviennent.


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