Dans tous les livres de création littéraire, une des premiers conseils qu’on donne aux auteurs, c’est d’écrire en montrant et non en racontant. “To show, not tell” comme on dit en anglais. En lisant un livre pour ados cet été, je me suis rendu compte à quel point cette “règle” est importante. Bien sûr, on ne peut pas tout montrer sinon il faudrait écrire des livres de 1000 pages mais les choses essentielles, je crois sincèrement qu’il faut les montrer.
Quant je lisais ce livre sur le plage, je n’arrivais à embarquer dans l’histoire, je n’arrivais pas à m’attacher aux personnages, et je ne savais pas pourquoi jusqu’à ce que je m’aperçoive que c’était parce que presque rien n’était montré. Tout était raconté.
On avait le début de la scène avec une fin plus ou moins punchée et au chapitre suivant, l’héroïne nous racontait la suite des événements. Chaque fois j’étais déçue. J’aurais tellement voulu voir les scènes où une des filles est convoquée dans le bureau du principal après avoir giflée un des ses camarades de classe, j’aurais tellement aimé voir la réaction de ses parents au lieu de lire que son père était en colère.
Pareil quand elle se disait amoureuse. D’accord mais si tu fais juste me le dire, ça ne me fait rien. Si je vois que ton cœur explose dès qu’il t’appelle, si je vois que tu penses à lui pendant un contrôle de maths super important, si je vois que tu ne dors plus ou que tu lui donnes un rein, là je m’identifie et j’embarque. C’est drôle de voir une “règle” prendre tout son sens en lisant un livre qui ne la met pas en pratique.
Je n’aime pas le mot règle associé à l’écriture parce que j’ai l’impression que cela inhibe la création, mais il est vrai que lire un livre où tout n’est que raconté, c’est comme manger du chocolat mais sans le goût (bon, je dis ça, mais je déteste le chocolat !). En tout cas, imaginez que vous mangez un de vos plats favoris, que vous attendez et attendez encore que vos papilles soient subjuguées mais non, rien à faire. La saveur n’est pas au rendez-vous.
Dommage.