partirloin - 113
Ça voulait pas rentrer dans ma tête. Elle était trop petite. Pourtant la phrase, elle était courte. Y’avait que trois mots : Momo-est-mort. Pour moi, y’avait plus rien. Devant. Tout était terminé. Fini. Ma vie. L’espoir. Même l’envie d’en avoir. Je ne suis pas allée à son enterrement. Je savais pas si j’avais le droit. Il ne m’avait jamais présenté sa famille. J’ignorais ce qu’il racontait de sa vie. Quand il allait dans sa cité. S’il parlait de nous. De moi. Son corps avait été rapatrié. Fallait aller en Algérie. J’avais pas de thune. Alors Vince m’a amenée sur le port. Au bout de la Méditerranée, il y avait l’Algérie. Loin… Loin derrière l’Ile du Levant. Qui la cachait. Deux cent trente fois plus loin derrière. Vers la droite. Je me suis dit qu’à la nage, c’était faisable. Qu’un jour, j’irai là bas. A Oran. Même sans lui. Vince a ajouté que l’avion, c’était pratique. Aussi.