Le Comité national de l’enseignement catholique vient de rendre publique une plaquette, pour "inviter" (le mot est dans le texte) les établissements d'enseignement catholique à
« une annonce explicite de l’Évangile ».
Si l'on faisait abstraction de l'histoire, comme il est toujours possible après tout de le faire, on pourrait ne
voir en cette annonce qu'un rappel, rappel à l'ordre éventuellement.
En réalité, il s'agit bien plus que cela : d'une véritable révolution. La chose est si surprenante,
d'ailleurs, qu'elle en est presque cocasse, surtout quand on se souvient des (récentes) réactions de nombre d'évêques contre les protestations de Mgr Cathennoz contre la désertion de l'école
catholique de sa mission. C'est un peu comme si l'Episcopat français publiait une note invitant les clers, dans la célébrations des Saints Mystères, à observer la discipline liturgique. Après
quarantes années de joyeuse anarchie en ce domaine, on serait excusable de se frotter les yeux, et une, et deux, et trois fois et peut-être même dix avant de se convaincre que l'on ne rêve
pas.
Eh bien, non, à ce qu'il paraît, on ne rêve pas. L'Episcopat entend bien rappeler que "L’annonce de
l’Évangile passe par l’homme, et dans une école, par le service de l’homme qu’est la tâche éducative. C’est ainsi que le projet d’établissement éclairé par l’Évangile et l’enseignement de
l’Église se déploie donc pleinement dans toutes les activités des établissements catholiques d’enseignement."
Après s'être bien sûr référé à l'excuse sociologique qui a servi dans tous les domaines à couvrir et à excuser
tant de trahisons, selon laquelle ici, "depuis quelques décennies, le contexte social, éducatif et scolaire s’est profondément transformé", le texte appelle à ouvrir des
"chemins nouveaux" qui sont, a priori, les bienvenus (même s'ils font craindre de nouvelles "inventivités" stériles) afin que les établissements catholiques soient enfin des
établissements dignes de ce nom, et non pas, comme nous en avons l'expérience, des lieux où le curé de paroisse pouvait ne même pas se voir reconnaître un droit d'entrer.
Cependant, à lire la brochure, on voit que l'affaire n'est pas gagnée. Il suffit pour s'en convaincre de lire
(bon courage) le Préambule de ce document, dont le titre, par sa calligraphie tortueuse, annonce déjà le contenu :
"Le présent texte veut être l’occasion pour l’enseignement catholique de se
redire comment l’annonce explicite de l’Évangile s’inscrit dans son projet. L’école catholique est d’abord une école et c’est bien un projet éducatif qui structure l’action d’un établissement catholique d’enseignement. La démarche d’assises aide
à redécouvrir la vision chrétienne sur l’anthropologie et à mettre en oeuvre, dans les
établissements, des relations éducatives et sociales inspirées de l’Évangile. Le présent texte n’a
pas pour objet de revenir à ces dimensions, mais son propos n’a de sens que référé à cette recherche constante. La formation intégrale de la personne implique de s’attacher à la dimension
spirituelle de la personne, et à la quête de sens à laquelle aspirent les enfants, les jeunes et les adultes des communautés éducatives. Ces aspirations s’expriment aujourd’hui dans une grande
diversité d’appartenances et de références. Cette diversité est une richesse que l’enseignement catholique accueille positivement. Dans cette recherche de sens, l’Église a des propositions à
faire, par le témoignage de chrétiens rassemblés désireux de dire leur joie de croire, dans la relation vivante qui les unit au Christ. C’est là la dynamique de l’annonce, toujours respectueuse des libertés. C’est à cette dynamique que nous invitent la pastorale de la proposition et
la responsabilité spécifique rappelée par les Évêques à l’enseignement catholique de s’engager dans une première annonce. Les appels de ce texte s’adressent à tous les niveaux d’enseignement.
Les modalités de mise en oeuvre sont bien évidemment à construire en fonction des situations et des contextes diversifiés. Le présent texte qui redit la mission partagée sera suivi de la
publication d’outils d’animation pour en permettre l’appropriation auprès des divers partenaires des établissements."
Non, il est bien possible qu'on ne soit pas sorti de l'auberge !