J’ai l’esprit engourdit d’un bonheur mélancolique et le regard nostalgique. Chaque pas me noie de souvenirs indélébiles, d’une enfance passée dans ce coin de la ville. Je franchis les ruelles éternelles en traversant les petits commerces et les cours de maternelles. Je n’ai que mon cœur vibrant, pour me rappeler combien j’aime ce quartier qui est miens depuis si longtemps. Mon trajet n’est qu’une fausse quête, quand je veux, je l’arrête. Mais je préfère continuer, en laissant l’automne me transporter. Et mes pas comme mes souvenirs se poursuivent d’emblée, les pieds dans les feuilles orangées.
J’entrevois un écureuil qui s’interroge, me cédant le passage sur un clin d’œil. J’aperçois la fin des fleurs d’été, délaissant leurs pétales sur les pavés. Les yeux vers la cime des arbres dénudés, j’aspire à cette sérénité, que seul les vieux érables semblent posséder. J’envie les arbustes de pouvoir ainsi braver, tous ces assauts naturels répétés. Je jalouse la force de la nature alors que survient en moi ma faiblesse sans armure. Émue par un trop plein de réflexion, de sentiments et d’émotions, je termine mon errance. Arrivée à destination, je laisse derrière moi dans les feuilles orangées, l’empreinte de mes pas.