L'auteur, disait encore cet éditeur, est un « vrai écrivain ». Non pas un bon écrivain, ou un écrivain génial, un vrai.
Il nous revient encore que ce « vrai écrivain », aux dires de l'éditeur, avait effectué un remarquable « travail sur la langue », ce qui le différenciait de l'« écriture blanche » de quelques-uns de ses confrères. En langue de bois, l'« écriture blanche » est une expression commode pour dissimuler la platitude du style et le « travail sur la langue », une formule passe-partout qui habille d'un trait avantageux le moindre récit amphigourique.
Nos défenses cédèrent quand notre interlocuteur, pour justifier un livre habité par quelque drame intense, se fit rassurant : «C'est raconté “sans pathos” » : s'il maniait le grec, ma sœur, on pouvait lui faire confiance…
Quelques semaines plus tard, on s'enquit poliment du sort de son «vrai écrivain» dont il ne nous avait pas semblé que son « texte exigeant » avait bénéficié de l'attention générale. On s'entendit alors répondre d'un ton docte : «Il n'a pas trouvé son public.»
Et l'on retourna, songeur, à la lecture de Molière et d'Orwell.
http://www.lefigaro.fr/livres/2009/10/08/03005-20091008ARTFIG00471-langue-de-bois-.php