Il lui a fallu quarante ans avant d'accepter d'en parler. Quatre longues décennies de silence à peine interrompues par quelques confidences. Lâchées à ses filles, son mari, sa mère ou son beau-père. Rien de plus. Ni à ses amis. Ni même à des camarades qui, comme elle, étaient revenus des camps. Plus jamais cela, lui disait-on dans l'immédiat après-guerre, en faisant mine de s'intéresser à l'avenir. Alors, Eva Schloss, cette survivante d'Auschwitz, s'est tue.