Le dimanche matin nous nous retrouvions tous dans leur lit.
On disait que ce serait le bateau La Fringante. Papa écartait les jambes, Maman se collait à lui, le grand Paulo s’enfilait ensuite tout contre elle, et deux filles en sandwich, puis deux garçons et les jumeaux enfin dans leurs chemises de nuit retroussées et ne se retenant pas de canonner des odeurs au scandale de tout l’équipage.
Tous étant bien emboîtés, c’était Papa, seul maître à bord après Dieu, qui commençait de faire les vagues en serrant bien Maman dans sa fourche tandis que les grands se battaient pour qui ferait la sirène; et tout de suite il fallait gronder Paulo qui écrabouillait les seins de Maman ou griffait les filles de ses ongles carrés de grands doigts de pieds à la gomme.
Bien entendu, comme il en va de toutes les bonnes choses, ces jeux ont pris fin à un moment donné, sans qu’aucun de nous puisse préciser qui en décida ni pourquoi.
C’est bien plus tard, en tout cas, que Paulo nous a montré ses premiers poils, et plus tard encore que Maman a parlé à l’aînée des filles qui, de toute façon, savait déjà tout.