Magazine Humeur

Les "sur-citoyens"...

Publié le 11 octobre 2009 par Eric01
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-" Bonsoooiiir jeune éphèbe, innocente créature à la candeur imberbe et exotique, douce émanation au teint halé de mes désirs interdits, enivrante allégorie aux senteurs épicées de mes élans érotiques irrépressibles.
M’accorderas-tu l’envoutant voyage aux confins de ce corps limbé de sensualité juvénile qui fait de toi l’évocation ultime de mes errances fantasmatiques ?
Me feras-tu, dans la moiteur tropicale de ta couche sommaire, l’inestimable présent de ton abandon à mes assauts charnels immodérés ?
A combien de billets verts dénués de toute dimension poétique, estimes-tu la magnificence de nos ébats fougueux mais ô combien éphémères ?
Et si tu consens à mes luxuriances lyrico-libidineuses, m’est-il possible d’imaginer un seul instant que tu puisses louer ce corps délicat aux âmes inconnues, sans qu’il n’ait déjà connu les douceurs ambrées de 18 printemps révolus ?...
"
-"Pas problème, pas problème !
Toi, pas faire attention à boutons sur la gueule… Moi 43 ans…
Toi prendre moi sur matelas, et moi faire ce que toi vouloir.
Ici, toi pas avoir peur pédophilie…
Après tac- tac, moi jamais vu toi.
Toi donner 30 dollars, et moi vider complètement romantisme turgescent caché dans pantalon…
Si toi donner 5 dollars de plus, toi bière Heineken et ventilateur au plafond…
"
Voilà, à quelques libertés près, à quoi devaient ressembler les échanges nocturnes du futur ministre de notre culture, en goguette sur les trottoirs de quelques pays rompus au tourisme sexuel…
Il est vrai que vu sous cet angle ça peut prêter à sourire, même si, et j’en conviens, c’est un peu douteux comme forme d’humour quand on a conscience de la gravité du problème.

Mais qu’est-ce qui est plus désolant ?
Mon troisième degrés un tantinet trash, ou les explications ubuesques de Frédéric Mitterrand au 20 heures de TF1 sensées faire gober à quelques millions de pékins que certes, il est allé se vider les fantasmes dans les bordels thaïlandais peuplés de gamins tout juste pubères, mais qu’il n’en demeure pas moins l’ardant pourfendeur de la prostitution infantile et de la pédophilie sous toutes ses formes ?
En élargissant à l’extrême les limites de l’ouverture d’esprit, on peut penser que ses écrits ne se veulent pas l’apologie de ces deux fléaux, et qu’ils sonnent plutôt comme l’expiation d’un homme face à des pulsions qui le hantent, et qu’il a la franchise de dévoiler. Cette explication justifierait d’ailleurs le titre du bouquin en question : La mauvaise vie.
Mais si ce récit autobiographique fait véritablement acte de contrition, son auteur, appelé depuis à de hautes fonctions ministérielles, se devait de mettre ses déclarations publiques en résonnance avec celui-ci.
Le moins que l’on puisse dire est que le compte n’y est pas !
M. Mitterrand fait malheureusement partie de ces hommes qui croient viscéralement que l’immensité de leur culture, la profondeur de leur intellect et le parfait maniement de l’éloquence verbale, peuvent suffire à faire avaler à leur auditoire des couleuvres grandes comme des boas constricteurs.
De ces hommes qui s’imaginent au dessus de la lie, et qui la survolent du rayonnement de leur hégémonie intellectuelle.
Bref, de ces personnages qui s’estiment appartenir à une sorte de caste de l’excellence cérébrale, qui leur permettrait de considérer que ce qui est moralement répréhensible ou condamnable pour l’homo-erectus commun, ne pourrait en aucun cas leur être reproché de la même façon.
Ainsi quand le ministre de la culture évoque les turpitudes sexuelles de Roman Polanski, il ne parle pas d’un sinistre individu qui a saoulé une gamine de 13 ans pour mieux la violer.
Il parle d’une "affaire de mœurs" injustement reprochée à un génie du 7ème art.
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"Pédophilie aggravée" pour le commun des mortels, "affaire de mœurs" pour les autres…
La différence est dans la sémantique.
On savait que chez les Mitterrand, du père à la mère en passant par le fils, le cynisme était une constante congénitale. On pouvait donc se douter que le neveu en hériterait.
Pourtant, compte tenu de sa position et d’un passé sulfureux qu’il a lui-même étalé au grand jour, le bon sens aurait voulu qu’il privilégie la neutralité très officielle d’un communiqué laconique. Mais assis sur son nuage stratosphérique de parangon de la culture, il ira de ses gesticulations théâtrales grandiloquentes d’homme de l’art, horrifié qu’une justice décadente ose alpaguer un des siens comme un vulgaire quidam.
Du pragmatisme et du détachement inhérents à la fonction…
Voilà bien ce que les artisans de cette nomination pour le moins "ronflante", ont oublié d’exiger de leur recrue.
Exigence qui passait par une étape incontournable : reposer les pieds sur terre
Et les incidences collatérales de ses jérémiades lyriques et médiatisées sur le sort de Polanski ne se sont pas fait attendre.
Qu’il vienne pleurnicher après coup sur tous les plateaux de télé n’y changera rien.
Frédéric Mitterrand a tendu une perche en or aux affamés des deux partis moribonds que sont le FN et le PS, et qui ne sont pas gêné pour la saisir.
Et on peut les comprendre, car d’un côté comme de l’autre, leur argumentaire tient la route et pose de bonnes questions, même si tout le monde a compris que l’un et l’autre ne survivent plus qu’à travers la récupération et l’exploitation de ce genre de filon.
Alors quand on leur en pose un sur un plateau d’argent...
Xavier Bertrand peut bien hurler à la calomnie et dénoncer les accointances PS/FN, ses cris d’orfraie continueront de se perdre dans le néant de l’extravagance irresponsable d’un ministre de la culture parachuté par un Nicolas Sarkozy qui aurait mieux fait de le laisser à ses papillonnages mondains dans son cocon doré de la Villa Médicis.
Mais peut-on évoquer cette affaire Polanski/Mitterrand sans parler de la queue de la comète.
Ce conglomérat de vassaux regroupés en rang serré derrière le ministre et la profession, pour partager son indignation face à une justice américaine acharnée qui voudrait jeter le plus illustre de leurs pères aux tréfonds d’une cellule.
Ces mêmes acteurs, réalisateurs, producteurs et autres sommités du showbiz qui ne savent plus sur quelle braguette de député tirer pour que justice fasse loi et punisse sans état d’âme l’internaute pirate qui les priverait d’un pouillème de leurs retombées commerciales.
Ceux-là même qui passent leur temps à réclamer justice à qui veut bien les entendre, et qui dans le même temps, signent des pétitions à tour de bras pour empêcher un des leurs d’aller répondre de ses actes, le tout au nom du génie culturel et de l’œuvre cinématographique…
Comme si le nom de Polanski flanqué au générique de Macbeth et du Bal des vampires avait valeur d’exonération… Comme si le même nom gravé sur une Palme d’or ou un Globe de Crystal, était une circonstance suffisamment atténuante pour tolérer qu’on puisse souiller un mineur sans rendre des comptes…
C’est pourtant dans cet univers d’extraterrestres que vit ce petit monde.
Le plus triste est de constater que seuls les politiques ont les clés pour en fermer les portes.
Encore faudrait-il qu’ils n’y évoluent pas eux-mêmes en toute quiétude…
Un certain Dominique de Villepin en donne actuellement la plus éclatante démonstration.
vilepin.png Cet autre "illustre déconnecté", convaincu lui aussi que son sens du lyrisme version "trémolos", son talent de tribun onusien, sa connaissance parfaite de Napoléon Bonaparte et son look d’aristocrate anglais érudit, lui suffiront à ringardiser ceux qui tentent de mettre exergue son passé de barbouze des égouts élyséens, et de sous-fifre en chef de Chirac affecté aux coups fourrés.
Ne comptons pas trop, donc, sur une extinction programmée de cette espèce de "sur-citoyens" bien décidée à occuper l’espace deux mètres au dessus de tout le monde, et à le défendre jalousement.
Car pour deux qui en dégringoleraient, combien pour combler les places vacantes ?
"Selon que vous serez puissant ou misérables…".
On connait la suite…


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