Vendredi c’ était la pire journée du mois, j’en suis certaine et ce même si c’était l’anniversaire de Mamounette. J’avais des missions shopping tout à fait particulières. Ma maman s’étant récemment fait découper la jambe gauche afin qu’on lui pose une prothèse à la place de l’articulation du genou, même que maintenant elle a un genou comme robocop ou Goldorak, sauf qu’il est pas décrochable, elle allait entrer dans un centre de rééducation pas loin de la maison et il lui fallait des vêtements particuliers et des chaussures particulières. Bref, une journée très particulière en perspective.
Comme la veille j’avais bossé la journée et que je m’étais couchée tard, et que c’était mon jour de repos, j’avais décidé de ne pas mettre mon réveil… pensant que de toutes manières, mon horloge biologique de merde qui me réveille tous les dimanches à 6h30 me réveillerait assez tôt. Si c’est toujours quand on veut dormir qu’on se réveille super tôt quand même, l’inverse est également vérifiable : vendredi matin, je n’avais pas mis le réveil et au lieu de me lever à 6h30 je me suis levée à 8h15. Erreur fatale. Car pour me rendre dans la zone commerciale où je devais faire mon shopping particulier, j’avais 45 minutes de route. Le temps que je bouffe, que je me lave, que je me sorte la tête du fond de l’anus, que je fasse un brin de ménage, 10h a très vite sonné. Je suis donc partie de la maison à 10h.
Rien de bien dramatique me direz-vous. J’allais être à 10h45 sur place, les boutiques ne seraient pas fermées. Oui mais il faut 45 minutes pour revenir et le temps de faire trois enseignes différentes, je n’allais pas partir d’Auch avant midi. Tant pis. Papounet devra attendre pour manger et s’il a faim il aura qu’à entamer une boite de sardines. Bah oui, Mamounette est pas là, c’est moi qui cuisine. C’est pas que mon père soit nul en cuisine, c’est qu’il travaille le matin à retaper ma maison, je peux bien lui faire à manger, quand même.
Je pars donc à 10h. Je fais 328 mètres et demi et PAF, à l’entrée de mon village « Circulation alternée ». Chiotte. Je regarde l’heure et j’attends que le feu clignote orange pour m’indiquer que je peux enfin y aller. 5 minutes. 5 minutes, c’est long surtout que moi, j’avais pas le temps.
La route est tranquille pendant 30 km. Je suis presque à Auch. Je suis presque à l’arrivée. Arrivée dans la petite ville de Pavie, une énorme file de voiture m’attend. Pare-chocs contre pare-chocs. Mais qu’est ce que c’est que ce bordel ? On est dans le Gers ici, pas à Marseille ! Je patiente donc. Ca avance au millimètre. Je veux tourner pour dévier mon chemin mais je ne peux pas, des voitures bloquent la rue. J’abandonne et je reste là. Au bout de 10 minutes, alors qu’il est déjà 10h45, je commence à m’impatienter grandement. Les autres voitures également. J’aperçois enfin ce qui bloque le trafic : un dispositif de circulation alternée ! Ma parole, je suis poursuivie !
J’attends, j’attends, j’attends. 11h00. Mais à quelle heure je vais rentrer moi, à ce rythme là ? Les automobilistes devant moi s’impatientent tout autant. Un décide de contourner le premier qui attend, juste devant le feu, par la gauche et de prendre la première route à droite. La foule suit. Et moi avec étant donné qu’en face personne n’arrive ! Je roule dans une petite rue, qui devient escarpée et qui se transforme d’un coup en impasse d’un côté et en sens interdit de l’autre « Sauf pour les riverains ». J’ai alors décidé d’habiter là l’espace de 30 secondes, le temps d’arriver à l’autre bout. Je retrouve une route normale. En 11 minutes j’arrive à atteindre l’autre côté d’Auch, après avoir failli un ou deux crashs à cause d’abrutis qui ne respectent pas les priorités comme il se doit. Me voilà donc à Décathlon à 11h11…me disant qu’il fallait que je fasse vite car je ne savais pas si les autres enseignes étaient ouvertes entre midi et quatorze heures.
Mission pantalon, pour ma maman et tant que j’y suis pour moi, accomplie. 11h25 je me dirige vers Gemo, pour la grande mission chaussures pour Mamounette. Il fallait des genre de mocassin, pas trop dur, pas trop souple avec une semelle compensée de 5 cm, et peut être bien 100 balles et un mars avec.
La roue avait soudainement tourné. Je trouvais tout ce que je cherchais. En moins de 3 minutes j’avais trouvé ladite paire de chaussure. J’arrive à la caisse mais il n’y a personne. Je regarde partout, cherchant des yeux la personne qui pourrait venir m’encaisser. Je vois arriver une jeune donzelle, avec un sourire. Heureusement pour elle. Si elle avait eu l’audace de bouder, j’aurais boudé aussi ! Ca aurait fait 2 Boudins ! Je paie et je lui demande « Je peux les ramener lundi si ça va pas ? » « Oui oui, vous avez 15 jours si vous gardez le ticket de caisse et la boite. ». D’accord madame.
11h35. Pourvu que Kiabi soit ouvert en journée continue. J’y vais à pied, j’aurais perdu plus de temps à reprendre la voiture que je laisse avec les chaussures dedans, sur le parking de Gemo. Kiabi, c’est ouvert de 9h à 19h. Ca c’est super cool, ça veut dire que j’vais pouvoir regarder des trucs pour moi aussi.
J’avais donc deux missions. Une mission pour mamounette : lui trouver des hauts comme elle aime bien. Une mission pour moi : me trouver un ou deux pulls car les derniers que j’ai achetés y’a pas longtemps en taille 42/44 sont déjà trop grands (et oui, les rééquilibrages alimentaires, c’est chiant !). Encore une fois, la chance me sourit, je trouve tout ce que je veux très vite, me fait encaisser (en deux fois, parce que j’ai payé mes pulls avec ma propre carte !).
Et maintenant j’ai la dernière mission à accomplir. Il est 11h50. Je dois trouver un assemblage de petites mignardises parce que c’est l’anniversaire de Mamounette et que mon papa il veut que je lui trouve ça pour lui ramener l’après-midi même, et je dois trouver de quoi faire à manger sainement le midi à cuisiner rapidement (légumes sans gras, viande).
J’entre donc dans Leclerc. Un truc immense comme je les aime pas. Je me dirige droit au rayon des patisseries. Je suis bigleuse alors je trouve pas les petites mignardises. Comme ils ont un coin où tu peux acheter les patisseries comme à la boulangerie et que dans le frigo il y a des mignardises à 71 cents d’euros l’unité, j’attends. J’aime pas attendre mais j’attends. J’attends et j’attends encore. Et puis j’attends. Je tourne sur moi-même. J’attends. J’attendraiiiii le jouuuur …et la nuit. Et là je vois une une petite affichette avec une flèche dirigeant vers un interrupteur sur le bord du comptoir : « Sonnez pour appeler la vendeuse ». J’appuie…assez longuement, pour être sûre. Elle arrive et je lui demande 12 mignardises.
Elle me regarde et me dit « Mais si vous voulez vous en avez là, au libre service, dans les boites, et ça revient moins cher. ». Je lui dis « Je suis bigleuse, j’ai pas du les voir, vous me montrez ? ». Elle me les montre, je la remercie. Je fais mon choix. Surtout ne pas prendre des trucs à la framboise sinon Mamounette elle va nous gerber son repas du midi dessus. Et y’a le choix entre des boites où il y a une mignardise à la framboise et d’autres où il y en a deux. Je prends donc celle où il n’y en a qu’une me disant que je prendrais soin de l’engloutir avant d’amener la boite à Mamounette.
Je pars donc contente avec ma boite pleine de jolis petits gâteaux à la recherche de légumes surgelés et de viande. Mais avant je vais chercher un pain. Je reviens, je reluque les steaks hachés mais ça ne me dit rien du tout. Je me dis « Oh tant pis on mangera du jambon ! ». Je file aux surgelés et j’hésite, je lis bien les étiquettes pour éviter les poêlées pleine de sel, de sucre et de gras. Je trouve enfin un truc sympa, des légumes en julienne avec du soja. Emballé. Quand soudain, d’un geste maladroit, je lâche la boite avec les petits gâteaux qui, évidemment, se retourne sur le sol. SPLATCH les gâteaux. Tout ça sous les yeux hilares du boucher qui m’observait en face. Je commence à siffloter bêtement, prenant un air à la fois rieur et emmerdé. Je ramasse la boîte, constate la catastrophe et je m’empresse d’aller en chercher une autre. Bah ouais quoi, ils ont qu’à faire des emballages plus stables d’abord ! Revenue avec ma boîte, je croise des yeux des magrets. Oh ouiiii, je veux du magret ! J’en choisis un et je regarde l’étiquette. Il était beau, d’une couleur magnifique et me faisait saliver. 9 euros 90 un magret ? NAN MAIS CA VA PAS ? Je passe à côté, et j’en trouve un moins joli mais beau quand même à 4 euros 90. Emballé. J’ai mes gâteaux que j’essaie de tenir bien droit et de ne pas faire tomber, et mon repas du midi. Il est 12h05, hop à la caisse.
Pressée. J’étais pressée. Le monde affluait aux caisses et en face de moi il y avait des caisses automatiques. C’était l’occasion de tester. Je m’installe donc, sceptique. Je commence par le pain. Sur l’écran tactile il y a un bouton « Article sans code barre ». J’appuie, je choisis l’option « Pain », et je ne trouve pas le mien. La nana qui surveille la zone des 4 caisses automatiques où je me trouve arrive avec un air pimbêche « Il y a un code sur le pain madame ! ». Et ho ça va connasse hein, je peux pas deviner que caché sur l’emballage (et non visible par une étiquette blanche bien démarquée) un code barre attend d’être scanné. Je scanne donc mon pain. « Pain campagnard 1 euros 29 ». Oh la machine me parle ! Je scanne ma boites de mignardise. « Assortiments de patisserie XXXeurosXXX (ndlr : prix censuré pour pas que Mamounette sache)». Dingue ! « Poêlée de julienne de légumes 2 euros 59 ». Sympa de me dire que c’est cher ! « Magret de canard, 4 euros 90 ». « Cela vous fera un total de xxxeurosxxx. », merde faut payer maintenant, pas drôle ce jeu ! Je sélectionne donc l’option carte bancaire, j’insère la carte bancaire de mes parents, je compose le code. Paiement accepté. Je récupère mes articles et je me casse…
Je rejoins la voiture à 12h15. Et là je suis contente de poser mes fesses dans le siège moelleux de la voiture. Je dépose avec délicatesse les petits gâteaux sur le siège passager.
Et je repars chez moi … par les routes de campagne, histoire d’éviter ces horribles passages de « circulation alternée » qui n’en finissent jamais !
Quelle jolie route campagnarde. A 12h40 je suis presque chez moi, il reste 8 km. Quand soudain « ROUTE BARREE A 900 M, SUIVRE LA DEVIATION ». Bordel de crotte de mammouth Polynésien ! Ca recommence ! Je suis donc les indications, blasée. A 13h je suis enfin chez moi …mon père arrive juste après moi, il avait bien compris que je n’allais pas rentrer tôt. Je fais la bouffe, puis l’après-midi nous rejoignons ma mère, au centre de rééducation.
Là, elle dit à mon père qu’il faut qu’il aille régler un truc par carte bancaire. Elle me dit « Donne la carte bancaire à ton père ». Je fouille donc mon sac, et pas moyen de mettre la main sur cette maudite carte. J’écarquille les yeux de torpeur. Je réfléchis, je cherche quand j’ai pu omettre de récupérer la carte. Mais oui la caisse automatique. Je repars chez moi pour téléphoner chez Leclerc. Ils me répondent qu’ils ont la carte, que je peux venir la chercher. Il est 16h, je ne suis pas spécialement ravie de refaire l’aller-retour, surtout à la sortie des écoles, mais bon, j’y vais quand même. Bouchons, feux rouges, bouchons, même en détournant le trafic est chargé.
J’arrive à l’accueil de Leclerc à 16h55. Une longue file de personnes attend avec une belle déclinaison de visages mécontents. Je patiente, que pouvais-je faire de plus ? Quand arrive mon tour vers 17h05, j’explique que je veux récupérer la carte bancaire ! ! Elle demande à quel nom, appelle je ne sais pas où et me regarde avec un air désolée « Malheureusement nous n’avons pas le code du coffre où la carte est enfermée ». « Mais madame je viens de faire presque 50 bornes pour venir la chercher ! ». Elle reprend le téléphone « La dame a fait 50 bornes pour venir ». Elle s’adresse à nouveau à moi « Non, la seule personne qui connaisse le code du coffre est partie , revenez demain ».
La haine. C’est un truc fort qu’on ressent quand on a les boules. Je repars vers le centre de rééducation à 45 bornes de là. J’y arrive à 18h, bredouille. J’arrive trop tard, ma mère doit partir manger. Ouais, ils font bouffer les gens super tôt là dedans. Je repars immédiatement avec mon papa.
Il est allé la chercher le lendemain, si si ! Même qu’elle était dans un tiroir, dans un stand « Crédit », pas loin de l’accueil. Je ne veux pas savoir s’ils l’avaient préparée là en prévision ou si la veille j’étais tombée sur un gros lot d’idiotes qui n’avaient pas envie de se casser la tête pour m’aider. Maman j’ai perdu ta carte bancaire, mais Papounet l’a retrouvée ! Tout est bien qui finit bien !
Moralité : plus jamais les caisses automatiques. VIVE LES CAISSIERES ! Au moins quand t’oublie ta carte à la caisse, la caissière hurle « MAAAAAAAAAAAAAAAAADAAAAAAAAAAAAAME VOTTTTTRRREEEE CARRRRTE ». Et même si elle t’a crevé un tympan, t’es bien content de pas avoir oublié ta carte bancaire !