Magazine Journal intime

Artiste

Publié le 11 octobre 2009 par Louloute01
Artiste Vous donnez un jour rendez-vous à un beau brun, plutôt sympa, plutôt marrant. C'est l'été, vous êtes dans un parc et vous pensiez que tout ceci n'était plus pour vous mais voilà que vous craquez pour ce type avec un chapeau noir, qui a en lui une part de ténèbres qui vous attire inexorablement.
Des mois plus tard, vous faites le constat que vous partagez désormais la vie d'un artiste.
Non, un Artiste un fait ! Le grand A c'est vous qui le mettez, parce que vous apprenez vite que l'Artiste n'est que rarement satisfait de lui et son travail et qu'il est plus fréquent de rencontrer des modesties exacerbées que des égo démeusurés. Perfectionniste jusqu'au bout des ongles, l'oeil du maitre décèle oeuvre après oeuvre des défauts que personne ne voit.. sauf lui, bien entendu...
Vous, vous êtes en exaste devant son travail, baba devant son talent, soufflée par ce don. Quand votre sensibilité artisitique se cantonne à poser vaguement quelques mots dans un carnet miteux, il vous semble que vous êtes à l'âge de silex des strates de votre homme.
Mais vous aimez ce qu'il fait, vous "trouvez ça beau" (sic). Les références, c'est net, vous en manquez un peu et les mots techniques, clairement, ça vous échappent beaucoup ! Etre avec un artiste, c'est être sa première fan, son premier regard - ou le dernier parfois, car l'Artiste n'aime pas vraiment vous montrer son travail brut donc vous êtes parfois la dernière à voir ce qu'il a finalisé.
Aimer un Artiste, c'est également désirer inconsciemment être son inspiratrice, sa muse, voire son modèle unique.. Rien que d'écrire cela, vous ne pouvez pas vous empêcher de rire ! L'Artiste traine déjà derrière lui toute une collection de modèles, loin d'être moches ou farouches, prêtes elles-même à se battre becs et ongles (manucurés) pour être la première dans ses représentations. La compétition risque d'être ardue. Ou alors il reste l'option sous-vêtements dans la boue et c'est une méthode qui peut rapporter de l'argent...
Mais l'Artiste n'a pas l'air d'y attacher beaucoup d'importance, les voyant surtout comme de belles choses, lui permettant d'atteindre son Art à travers elles. L'Art semble être d'ailleurs une religion bien exigeante.
Les données mercantiles ne semblent pas rentrer en ligne de compte. En effet, non, l'Artiste ne travaille pas pour n'importe quoi ou n'importe qui. L'Artiste se refuse à ses considérations matérielles et basses. Tout ceci est bon pour nous, se prostituer pour un chèque à la fin du mois, céder aux sirènes du système et vendre consciencieusement chaque jour un peu plus de son âme en cherchant comment, oui comment, les braves consommateurs pourraient payer des produits dont ils n'ont aucun besoin.
En attendant, l'Artiste est un peu déconnecté de la réalité et de ses exigences, même si elles se rappellent parfois violemment à lui et l'oblige, tout de même, à aller prendre son métro comme les autres pour faire bouillir la marmite.
Et cela, lorsque vous aimez un Artiste, eh bien tout ceci vous plante une dague dans le coeur à chaque instant. Car lorsque vous vous projettez, vous imaginez ce qu'il sera, ce qu'il deviendra, ses futurs expo et son succès. Tout ce talent encore non reconnu, cela vous ronge, vous mange les entrailles jour après jour, lorsque vous le voyez trimer pour ce qu'il n'est pas, pour avoir le droit, le temps, de vivre un jour peut-être de sa passion.
Aimer un Artiste c'est aimer cette force, cette violence et cette noirceur qui vous fascinent. C'est Aimer son sens du détail et par dessus tout, son imagination. C'est être lié à un homme pas comme les autres, qui vous emporte souvent dans des mondes différents.
Mais c'est aussi le retenir lorsqu'il vacille et lorsqu'il doute. C'est être chaque jour émerveillée de ce don que la vie lui donne, c'est accepter cette sensibilité dans ce qu'elle a de plus touchant et de plus effrayant. C'est calmer ses exigences, c'est renoncer à ses propres batailles intérieures car c'est accepter que ce que l'autre a décidé de s'épargner, vous en êtes la seule responsable lorsque cela vous empêche vous d'avancer.
Je ne t'avais pas prévu, je ne t'avais pas prédit, je ne t'ai pas vu entrer dans ma vie et pourtant aujourd'hui tu y es, moi qui croyait tout ceci perdu à jamais.

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