Depuis le mois d’avril, le cimetière est devenu l’annexe de mon appartement. Le matin, je passe un long moment à contempler sa tombe ; après je déjeune le long du fleuve sous un arbre paisible.
Aujourd’hui, je suis resté au cimetière plus longtemps qu’à l’habitude ; une de ces crises de mélancolie dont je suis coutumier. J’avais acheté du pain pour les oiseaux et je les regardais voleter de tombe en tombe pour saisir les miettes que j’essaimais. Ces miettes, c’est ma vie qui s’envole.
Il y a une semaine, je lui ai écrit une lettre que j’ai placée sous le pot de chrysanthèmes jaunes qui orne sa tombe. Toujours pas de réponse. La lettre a pourtant bien disparu dès le lendemain. Je suis sûre qu’elle l’a lue. Si elle préfère le silence, c’est pour me torturer. Elle a toujours été sadique et la mort n’arrange rien. Dans cette lettre, je lui demandais si elle m’en voulait encore de l’avoir tuée…
PS : texte écrit à partir de cette photo gentiment prêtée par Patrick Cassagnes