Tandis que du pas de l'empétré je claudique, bancal encore un peu, elle plaque les secondes et épingle sous les talons de ses escarpins le caractère froissé des heures passées. J'ai fait le tour du cadran solaire, j'ai suivis la Lune jusqu'à ce que la face cachée de la vie me révèle la folie nocturne des embryons. Aux étoiles j'ai posé la question des naissances successives de la lumière. Ma peine était hantée par le silence d'où aucune renaissance ne venait abréger l'éternité. Je froissais le ciel en dévorant la terre délabrée des tombes. Elle règlait l'addition en nous soustrayant du nombre des heureux peut-être. Elle disait non et ses talons piquaient la dépouille de mes massacres, du bord des bourbiers je chutais, à l'aise sous les morsures de la meute. J'étais immobile sous le vent, comme ces arbres dont on promet le bois à la pourriture ressassée, et qui jamais n'apaisent rien de ce qui craque sous l'écorce, et pour qui jamais ne se déchire le rideau lourd de la grêle, et dont le déchet scelle le secret des fruits absents. Je la portais nue au dessus de moi et à mesure que je perdais pied lui faisais sentir l'abrasif des laves mortifères Mais à son front est un présent, mais en son ventre est une femme. Et au creux de ses hanches la forme unique du temps qui n'a plus d'heures ni de secondes à consacrer au sacrifice de se souvenir de ce qui aurait pu être. Puisque n'est pas ce que l'on a pas voulu nommer autrement que remords et regrets. Puisque sous la pluie d'Octobre elle est le cristal d'un infini présent .
(Pour P. G.)