Les AguetsLe billet de Nestor

Publié le 12 octobre 2009 par Angèle Paoli
Le billet hebdomadaire de Nestor (1)
D.R. Ph. angèlepaoli

LES AGUETS (pour Bob)

     Il n'y a plus de ténèbres aux seuils, de feu aux moissons, de tourmente aux remparts. La roue seule tourne, jusqu'aux lies. La vipère, gueuse, gerbeuse, enfin transperce des masques l'enjeu, des doutes le fiel. L'éclair qui l'enchâsse nous rajeunit. Il fut tel que tu t'imagines.

     Tienne l'heure âpre, l'opaque gagé sur ses seules crues, lui en qui luit la proue, ni assourdie ni déliée, qui forge des graines les sédiments et les surprises...

               C'est l'éloignement qui te déchire, pas ses phases, cet horizon
                    qui accueille le Même comme surprise, jamais comme filiation...

     Tu dis cela comme s'il n'y avait pas eu le départ, les années de silence et ces pertes mesurées à l'aune des temps, puis les figures de cire, dans cette paix pire que toute guerre, cernée de feux follets, rongées par les creux, muettes à force de louanges, de souhaits...

     Je voudrais que cette nuit qui sans toi s'ébruite se fasse enfin transparente comme l'exil, toi qui toujours sus qu'un seul nid rarement suffit à tout souiller, du passeur du lac comme de l'écorce des proies...

     L'avènement de l'humain exige pour sûr l'abandon et le départ, mais aussi l'ancre et la racine, l'assurance d'avoir forgé, la joie d'avoir soupesé, l'agilité d'enfin pressentir les autres comme ceux à qui l'on confiera désormais le gîte du monde…

André Rougier
D.R. Texte André Rougier


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