C’est donc l’heure de faire le bilan.
Il y a sept ans, quand j’ai lancé l’idée et qu’on a lancé la société, on était un peu incrédules, un peu « légers », c’était un peu comme un pari, un petit jeu entre amis, pour voir.
Puis les semaines ont passé, ArtStrip prenait, petit à petit, une grande place dans notre vie.
Puis il y a eu la presse. Et la presse a tout déclenché.
L’idée a séduit, tellement séduit, que les demandes ont commencé d’affluer, et ce qui au début n’était qu’un jeu est devenu un challenge.
Un vrai challenge, avec toute la fragilité de chaque cliente posée entre mes mains.
J’ai eu des moments de doute, j’ai eu des moments de lassitude, mais j’ai eu surtout, de grands moments d’émotion. Parfois à cause d’un simple mot, un simple regard.
ArtStrip a commencé par dispenser des cours d’effeuillage.
J’en devine certaines d’entre vous ricaner. Mais est-ce si drôle? Il est temps de dépasser un peu vos à prioris. Non, ce ne sont pas des cours où l’on apprend à se « foutre à poils » pour allumer son Jules et venir lui coller les tétons dans les narines. On n’apprend pas non plus à écarter les cuisses, tête en bas, collées à Monsieur et simulant l’acte sexuel. Vous avez tout faux.
Un effeuillage, c’est tout un art, c’est une délicatesse, une élégance, une douceur, un appel à la tendresse.
J’ai eu le loisir, quand j’étais danseuse, pendant que certaines de mes « camarades » s’amusaient à allumer les gentils messieurs en goguette, d’expérimenter l’art de la séduction et de l’effeuillage telle qu’en était ma conception. Le résultat était clairement visible à la fin de la soirée de travail quand je rentrais les poches remplies de billets et elles avec leur maigre butin. Et pourtant, contrairement à elles, j’étais toujours restée à distance, je ne me suis jamais, je dis bien jamais adonnée au « frotti-frotta » des copines.
Et j’avais le respect de tous ces hommes qui parlaient des autres danseuses, même en leur présence, comme si elles étaient de vulgaires morceaux de barbaque.
J’ai mis donc mon expérience à profit, j’ai essayé de faire comprendre aux filles avec qui je travaillais qu’elles se fourvoyaient totalement sur le travail qu’elles étaient sensées faire. Mais, même si certaines ont tenté l’expérience et ont vu les regards changer vis-à-vis d’elles, d’autres n’ont pas suivi. Je pense qu’elles avaient quelque chose à se prouver et la suite m’a tristement confortée dans mes doutes.
Les femmes qui ont commencé à me solliciter pour que je leur donne des cours avaient aussi besoin de se prouver quelque chose.
Besoin de se prouver qu’elles étaient (encore) désirables et capables de se réapproprier leur corps et leur féminité.
Chaque séance dure deux heures. C’est court, mais c’est aussi paradoxalement très long, surtout quand on se retrouve en face à face avec soi-même, avec sa pudeur, ses angoisses, ses complexes… et qu’on ne sait pas du tout à quoi s’attendre parce qu’on s’imagine qu’on va nous apprendre les acrobaties farfelues dont j’ai fait mention plus haut.
C’est pourquoi il faut qu’à chaque fois, j’explique ce que je vais lui montrer, pourquoi et comment. En gardant toujours le sourire, sans jamais juger, toujours à l’écoute, et proposer des solutions comme des remèdes miracle.
Car c’est ce qu’elles attendent: un remède miracle.
Petit à petit, les tensions et les réticences tombent, les à priori s’estompent, les barrières s’écroulent et là, enfin, quand il n’y a plus de carapace, je les mets face à elles-mêmes en leur révélant leur part la plus belle et la magie opère.
C’est quasi instantané, elles se réapproprient cette facette d’elles oubliée, enfouie, perdue, et c’est comme un voile de brouillard qui s’estompe, je les trouve métamorphosées.
Mais pourquoi on appelle ça un cours d’effeuillage? Parce qu’on déshabille son âme puis son corps (se déshabiller implique que le travail qu’on a fait sur soi soit suffisamment conséquent pour que l’on accepte de se mettre à nu, surtout devant son partenaire, et qu’on se sente bien, sans le vivre comme une agression mais plutôt comme un cadeau).
Les attitudes et les gestes, où chaque mouvement doit s’esquisser de manière fluide; la démarche, qui se doit assurée et posée; le regard, qui se veut expressif; impliquent un travail de chaque instant, sans relâche, jusqu’à ce que tout soit parfait.
Et quand enfin arrive le moment où le rideau doit tomber pour qu’elle se regarde et ose s’admirer, c’est la révélation.
Juste pour te remercier encore pour le cours d’hier. Cela représente bien plus qu’il n’y paraît. Choré maîtrisée, reste à fignoler la gestuelle. Je me sens super bien, je pense en être capable et ça me plaît; c’est déjà énorme. A très vite j’espère. Mille mercis pailletés.
Enchantée par mon 1er cours, je me ré-inscris!
J’ai adoré et j’espère pratiquer et refaire en septembre!
Je profite de ce mail pour vous redire combien j’ai apprécié notre cours de vendredi dernier. J’ai encore beaucoup de choses à apprendre mais c’est un très bon début !
Je suis une sorte de médecin de l’âme.
Mais le plus dur, le plus émouvant, ce sont ces femmes qui ont vécu les drames de la vie, un mari volage, un accident, une agression, et qui viennent se reconstruire.
Me font suffisamment confiance pour se reconstruire et déposent leur fragilité et leurs peurs les plus intimes entre mes mains.
Et repartent avec le sourire, prêtes à revivre, avec un regard complice pour « l’accompagnante » que je suis et surtout mon cœur de femme, d’épouse, de mère, lourd d’émotions.
Leur offrir cette opportunité, cet accompagnement, c’est une remise en question perpétuelle pour moi, une remise en cause permanente, avec la pression de ne jamais, jamais devoir faire le mauvais choix dans mon coaching et les amener, par certains moyens d’acceptation à se retrouver.
C’est quand même le plus beau métier du monde que celui de révéler à une femme qui elle est vraiment et recevoir en retour un sourire, une larme de gratitude, un merci, et en un souffle entendre:
Vous, vous rendez les femmes heureuses!
Merci à vous toutes, pour la confiance que vous m’avez témoignée et me témoignez encore toutes ces années, et toutes vos bribes de vies qui s’enchaînent à la mienne restent à jamais au fond de mon cœur.