J’apporte les croissants demain.

La fin de mon vinyle imite le tic-tac du temps et je regarde par la fenêtre. Mon mug de café à la main, je dévisage les trains qui passent. Chacun d’entre eux est une promesse. « J’apporte les croissants demain matin, neuf heures et demi – dix heures, tu seras levé ? ». Bien sur que je serai levé, je suis trop fatigué pour sortir, je vais me coucher tôt. Et j’avais fermé les yeux en la laissant à sa soirée, avec ses copines. Être naïf est confortable. « Je suis bourrée et j’ai envie de toi… à mort. » Voila un SMS qui fait regretter de s’être couché. Moi aussi j’avais envie d’elle pardi. Cette fois c’était sûr : elle me tenait par les couilles, et elle virevoltait autour de moi, aussi volatile qu’un gaz toxique.

Il est déjà plus de dix heures et aucune odeur de croissants dans mon appartement. Pourquoi les femmes font-elles ça ? Simplement par distraction ? Ou bien tout cela est-il très réfléchi ?

Je m’affale sur mon lit pour ouvrir un bouquin potable, tout en guettant toujours le ballet bien orchestré des trains qui passent et des portes qui claquent. Elle doit encore dormir. Peut être à coté d’un grand rappeur noir qui lui aura fait la cour toute la soirée et l’aura séduite malgré elle.

« J’apporte les croissants demain matin ». Pourquoi l’ai-je cru ? C’est étrange d’apporter les croissants quand on n’a jamais dormi ensemble non? Depuis que je l’ai rencontré je sais que cette fille est toxique pour moi. Mais je suis incapable de m’attacher à une fille trop facile, et je suis tombé volontairement dans son piège de séduction. Espérant secrètement qu’elle tomberait avec moi. Depuis, cette histoire reste sur le fil. Un fil aussi fin qu’un poil de cul de Suédois.

J’ai remis la musique, beaucoup plus fort. Pour essayer de m’empêcher de penser. À midi, je ne l’attendais plus,  je l’espérais toujours.

De deux chose l’une : soit cette histoire est en train d’avorter lamentablement, soit je suis en train de tomber amoureux.