Et voilà, j'aurais pu parier là-dessus, pas plus tard que 15 jours après avoir perdu mon boulot ET tous les bénéfices qui vont avec comme par exemple une bonne assurance santé, j'ai commencé à avoir une dent qui me chatouillait l'autre soir. Bon, ça ne m'a quand même pas empêchée de me régaler du poulet rôti de mon hubby de passage à Vancouver. Mais disons que ça a un peu gâché la fête. Et encore, je ne savais pas ce qui m'attendait.
Depuis toujours, j'ai la trouille des dentistes. J'ai beaucoup souffert durant mon enfance et mon adolescence sur le fauteuil de la dentiste de mon village. J'en ai versé des larmes, j'en ai eu des frissons à la vue des instruments de torture qui s'approchaient de mon visage. On m'a arraché des dents, on m'en a plombé d'autres, je n'ai que des histoires d'horreur à raconter à ce sujet. J'ai la malchance d'avoir hérité d'une mauvaise dentition, difficile d'y échapper quand les deux parents sont aussi mal pourvus l'un que l'autre. Ils n'ont même pas été fichus de me fournir le lot complet de dents, ils ont oublié les canines dans le kit, rien pour remplacer mes dents de lait!
Bref, avec tout ça, j'ai développé en grandissant une angoisse profonde à la simple idée d'aller me faire faire un nettoyage. J'ai repoussé les rendez-vous pendant des années, sachant pourtant que si problème il y avait, ça ne risquait pas de s'arranger tout seul. Mais c'était plus fort que moi, j'attendais d'avoir mal, et donc que ce soit un peu trop tard, pour me traîner à reculons chez le bourreau.
Mais tout ça c'est fini depuis quelques années. Je suis adulte et responsable maintenant, je me fais faire nettoyage et inspection régulièrement, et après quelques travaux majeurs en arrivant à Vancouver, je peux enfin ressentir une grande fierté lorsqu'à l'examen mon dentiste me dit "everything's good". Enfin, je pouvais, jusqu'à ce qu'hier la mauvaise nouvelle me soit annoncée. Un traitement de canal mal fait il y a quelques années revient me hanter. Après quelques coups de bidule en plastique sur la dent et surtout une radio, le verdict est tombé: un abcès est en train de se former. Et mon dentiste m'envoie chez un specialiste pour une "endodontic surgery". Oh oh, surgery, c'est un mot qui me déplaît profondément... et qui depuis m'empêche de dormir. D'autant plus que mon portefeuille va lui aussi souffrir, puisque mon assurance s'est envolée le 30 septembre. Mais que puis-je faire, prendre le risque d'une méga infection pendant que je marcherai en plein glacier de Patagonie dans quelques semaines? Non non, m'a dit mon dentiste. Ne pas traîner, c'est impératif. Alors voilà un rendez-vous de plus à mettre à mon agenda pour la semaine prochaine, mais bien moins agréable qu'un café avec des amis.
Zut alors.
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