La vie en deux

Publié le 19 octobre 2009 par Lephauste

On se se ressemble jamais. Ça n'est pas faute pourtant de courir en tous sens pour s'approcher, à l'instar de ce chevalier de la geste Arthurienne qui s'étant conduit au plus près de l'objet de sa quète, ne peux qu'être le spectateur du passage de son rêve éveillé. Alors on vit la vie en deux et parfois même nous la partageons, brefs instant avec celui, celle que nous chargeons de représenter l'idéal humain d'une vie un peu moins soumise, un peu plus libre. Mais de la liberté quand nous ne nous en effrayons pas, nous en moquons l'éclat en la ridiculisant. Le soleil nous inonde mais nous inventons dans le même temps la lumière électrique, l'éclat domestique de la toute puissance que nous employons à nous nier. Et faisons comme si nous commandions au monde en appuyant frénétiquement sur l'interrupteur. Je t'aime ... Switch on ! Je ne te veux pas ... Light off !

Alors c'est de la vie en deux dont nous jouissons tristement. Le chevalier Pourfendu du roman de Calvino (Gallimard-Folio numéro quelque chose?). Quelque chose nous étreint puis nous éteint, quelque chose que nous revendiquons avant d'éprouver la honte d'avoir laissé passer le Graal de notre accomplissement. Nous naissons en géants, c'est de cela que nos mères soufrent en hurlant. C'est pour cela que nos pères prennent la tangente, par la chatière des urgences molles et nous nous éteignons comme des bricoles entreposées dans les pages de registres qui ne parlent pas de nous sinon qu'à aligner les noms d'un générique de série B. Tant gent sont nos ainés, aimés jusqu'à la soumission. Tant innocents sont nos petits, que nous confondons l'innocence avec la fragilité du vide supposément aimable. Si nous ne nous étions pas employés à effacer la connaissance au profit du savoir et de l'acquis, nous croirions moins aux bienfaits, vite fait, méfait de la répression. Tant gentes sont moitiés que le huitième de leur présence suffit à nous faire détester la liberté qu'il y aurait à les aimer toutes une. Indivises. Non feintes. Et mal élevées. Si possible un peu mieux mal élevées.

Nous cultivons la racine en méprisant le fruit. Et si cela n'est pas la fin d'une humanité d'unijambistes, c'est que la valse, chère au coeur de mon père n'était qu'une danse de salon. Salon où il n'a jamais posé le pied. Lui qui comme tout un chacun vivait en traversant le monde sur la pointe du coeur, en s'excusant de n'avoir pas été jusqu'au bout, l'astre bleu pâle de son regard orbital.