L'alcool étant strictement interdit sur tout le territoire du Koweït, les astuces ne manquent pas de s'en procurer. Un écossais se vantait de faire son propre vin, et donc l'autre jour nous avons eu l'honneur d'y gouter et j'ai ainsi découvert toute l'ampleur des dangers de la prohibition. Car dans son avidité de boire quelque chose à tout prix, notre écossais a oublié que le vin ne se faisait pas en fermentant du jus de raisin acheté en supermarché auquel on a ajouté du sucre, mais en pressant le raisin et suivant un processus bien défini. Le résultat de son expérience dont il était fier comme un bar tabac est un liquide à l'odeur nauséabonde qui rappelle l'haleine du poivrot en coma éthylique, un gout qui ressemble plus à un produit sortant d'une raffinerie que d'un pressoir et surtout avec un seul petit verre bu, un mal de tête qui dure toute une soirée. Je suis sur que celui qui fini la bouteille se réveille le lendemain avec un cerveau de poisson rouge, des jambes aussi agiles que des lampadaires et des tripes qui remuent dans tous les sens, arrivant sans doute à remonter jusqu'aux naseaux. Je pense sincèrement que le gouvernement du Koweît ferait mieux d'encadrer la consommation d'alcool plutôt que de la bannir et que les écossais feraient mieux d'en rester au whisky plutôt que de s'essayer au vin. Que les viticulteurs bordelais se rassurent, la concurrence n'est pas prête de venir de Glasgow.