Magazine Journal intime

Scribalablablad

Publié le 20 octobre 2009 par Lephauste

Tiens, un livre ? Encore un ? Tiens un autre ! Seigneur ! Une bibliothèque !!! Sainte horreur; J'éprouve une sainte horreur pour tout ce qui ressemble à un cimetière. Tous ces dosserets, toutes ces jaquettes, ces alignement alphabétiques de noms, de titres, comme des plaques de granit pieusement fendues par le gel et les saisons sans aucune visite. A notre Flaubert chéri ! Regrets éternels ! A Céline, la résistance française! A Nietzsche, sa soeur bien aimée!

Et au fait vous publiez quand ? Quand les poules se passeront de dents à leurs couteaux. Quand j'aurais moi même plus assez de dents pour déchirer la cartouche meurtrière. Quand un éditeur flairant le bon coup posthume se fendra de faire autre chose que d'envoyer au casse-pipes un catalogue de viande morte. Quand Google TM, père impair et passe, aura tout numérisé et que le père Goriot au détour d'un écran plat se tapera Zazie, dans le métro. Et personne y trouvera rien à redire, vu que le digest deviendra la Maalox TM du lecteur de cartes à puces aigris. Quand j'en aurais fini d'aimer mon prochain comme on rate la correspondance. Quand le poisson rouge aura appris à voler de ses propres ailes. Quand vous ne lirez plus dans l'espoir d'être lu. Quand les ascenseurs seront devenus autre chose que des confessionnaux en panne d'escaliers. Quand je serais orphelin de mes dernières amours. Quand en haut des phares que sont supposées être les bibliothèques, les gardien auront cessés d'agiter les signaux d'alarmes pour des cargos chargés jusqu'au château de miettes renonçant au pain d'amour. Quand les étoiles ne seront définitivement plus que des trous qu'il suffira d'agrandir pour y voir clair dans le regard de l'autre. Quand le cancan de la rumeur ne prendra plus le premier canard venu pour un génie des belles lettres. Quand je lirais autre chose que les âneries que j'écris avec une complaisance de pêcheur à la ligne, avec retour de chariot automatique et impression par jet d'encre. Quand la fille de son père s'aimera comme je l'aime. quand le diable aura brûlé ses sabots. Quand demain sera autre chose qu'un remix infâme de ce qu'hier n'aurais pas du être. Quand j'aurais compris que les trains n'en sont plus puisque le voyageur n'a plus rien en tête que d'arriver vite, là où personne n'attend qu'il advienne quoi que ce soit. Quand j'aurais fini de faire cuire la soupe dont je ne mange pas puisque je me repais ordinairement de l'appétit des autres, et que ça fait ma joie, cette fringale enfin rassasiée. Quand j'aurais admis que le beau est dans le sale, que le sale est dans le laid et que le laid se contente de l'humanité pour fleurir merveilleusement.

Oui bien entendu mais vous publiez quand au juste ? Demain, enfin je crois. Ca dépend un peu de l'heure à laquelle l'incendie se déclare dans la bibliothèque.


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