(re)définition des périmètres

Publié le 21 octobre 2009 par Cecileportier


Si Julie n'entend plus le voisin sortir entre minuit trente et minuit quarante cinq, ce n'est pas qu'il est mort. Ce n'est pas non plus qu'il est parti.
Du moins, oui, pendant tout un moment il n'était plus là, Julie avait remarqué cela, qu'on ne le croisait plus, que sa boite aux lettres était très pleine.A peine Julie avait vu une dame un matin ouvrir sa porte, prendre son chien, l'emmener. Puis, plus de nouvelles.
Mais depuis une semaine il est de nouveau présent, c'est attesté, et son chien aussi est là. Son chien, une espèce de Rottweiler très souriant.
Le voisin est là et pourtant, entre minuit trente et minuit quarante cinq : silence de la machine.

Ce qu'il faisait avant, entre minuit trente et minuit quarante cinq, est sans mystère : il sortait son chien. Il prenait le prétexte de sortir son chien pour se sortir lui-même une dernière fois avant sommeil. Et il faisait un long tour, toujours le même, avec les mêmes arrêts, et sans petit sac en plastique pour ramasser (si) besoin. Qui aurait été là pour contrôler, entre minuit trente et minuit quarante cinq, les déjections canines laissées dans la rue Géo Chavez?
Ce n'est certainement pas pour cette infraction qu'il a été un jour interpellé.
Mais toujours est-il que son absence de plusieurs semaines, ce n'était pas des vacances.
Le voisin revient de prison.
A vrai dire il n'en est pas tout à fait sorti, même s'il est revenu.
Car s'il ne sort plus entre minuit trente et minuit quarante cinq désormais, c'est qu'il porte un bracelet électronique, et que ses horaires de sorties autorisées ne sont plus si tardifs. Désormais son chien se promène aux heures ouvrables, et sur un périmètre réduit : un carré noir pour sorties diurnes.


Carte : itinéraire des anciennes sorties nocturnes du Rottweiller, et du nouveau périmètre de sortie autorisé. Je précise, que justement ce texte est d'un imprécision toute romanesque (la bonne excuse) sur les réelles conditions du bracelet électronique. Pour y remédier, voici une première 
description du dispositif, un témoignage parmi d'autres, une interview de Florence Aubenas, Présidente de l'Observatoire international des Prisons, prenant position en septembre sur le projet de loi pénitentiaire, et surtout, le lien vers le site de l'OIP et notamment sur la loi désormais votée.