Un instant j'ai cru que tout allait être toujours pareil. Alors je l'avoue j'ai eu un peu peur. Mais l'instant d'après je me suis rendu compte que rien n'avait changé. Alors ça m'a, comme on dit, complètement rassuré. Je me voyais mal rêver d'un monde fait de bien, et pour tous; C'est trop lourd à porter toutes ces utopies, il en faut qui en bavent, sinon c'est comme si plus rien avait de valeur. Et puis tout le monde est bien d'accord, on fait d'abord la Toussaint, puis après on fait Noël et pour finir au 1er Janvier on se la souhaite bonne et heureuse et toute pleine de bonnes choses, comme cette année.
Un instant j'ai bien cru qu'il allait falloir faire quelque chose, quelque chose dont je sois un peu fier. Quelque chose, un geste de citoyen conscient que ça n'allait pas pouvoir durer tant que les impôts. Puis je me suis ravisé, pour pas dire pire. Je me suis dit qu'il devait bien y avoir quelque part un professionnel de la chose à faire. un bénévole de la profession, quelqu'un qui vous secoue les tripes en vous causant comme il faut des urgences et des catastrophes, de la précarité, de la montée des eaux, de la nécessité absolue de se rassembler pour ... Et puis l'instant d'après il est arrivé, comme le livreur de pizzas, avec dans son carnier rouge vif un film qu'il venait de fabriquer avec des produits bio de recyclage vert. Et là, je vous jure, on s'est tous mis à pleurer comme des veaux. Après on s'est tous bien mis d'accord. On allait rien faire qu'attendre le deuxième épisode de cette saga sur l'urgence.
Un instant, c'est bref mais ça suffit souvent pour tout chambouler, sans rien toucher.