Ça commence par un beau dimanche. De ceux qui me font lever la tête, et prendre une décision : j’irai bien voler.
Faire glisser les lourdes portes du hangar, sentir cette odeur d’huile et de belle mécanique, tirer cette lourde ferraille, pour enfin s’assoir à la place du pilote. Prendre son temps, ne rien oublier. « Fais-ça bien qu’on soit pas emmerdé » comme disait mon instructeur. On ne le sera pas, je mets les gaz à fond, plein petit-pas et c’est parti. Je vole. Je ne m’en lasse pas.
Dans la série « j’ai décidé d’être heureux », apprendre à voler faisait parti de mes rêves de gosse. Décevoir le petit prince blondinet qui sommeille en moi n’est pas une option.
Les villes sont des fourmilières, les voitures ont l’air arrêtées, la vie continue pourtant en bas. Et les cons sont tout petits vus de là haut. Le rapport au temps est différent, la troisième et la quatrième dimension comme on ne les a jamais ressenties. Et ce sentiment de liberté : un kilomètre de route ne mène nul part, un kilomètre de piste mène au bout du monde. Les iles sont à portée d’aile, les châteaux se comptent par dizaines. Les champs dessinent des patchwork à l’infini. On dirait que tout est bien rangé pour une fois dans ce pays.
Et puis il y a ce sourire, celui d’un enfant qui voit ça pour la première fois. Celui qui me rappelle moi. Le bout du nez collé au hublot et les yeux écarquillés de ne pas trop savoir si ce qu’il voit existe vraiment.
Tu sais, je suis du genre à partager. Allez viens, je t’emmène au vent, je t’emmène au dessus des gens.