Deux cris...
La facilité de parler est une chose qui n'est pas accessible à tout le monde.
Parler à un cahier est souvent plus facile que de s'adresser à une personne qui vous entend, mais ne vous écoute pas, qui vous regarde, mais ne vous voit pas, qui dit vous comprendre, mais qui est au-delà.
Un cahier, ça écoute, ça conserve les souvenirs, ça ne juge pas, ça ne répond pas et c'est toujours présent.
Les choses que l'on dit n'analysent pas celles qu'on tourne autrement. Un cahier ne corrige pas, ne répond pas et ne brime pas. Disponibilité et pureté d'âme, qualité pratiquement disparue chez l'homme mais toujours présente dans "mon cahier".
Rien ne le touche, lui, ni la vieillesse, ni l'émotion.
Sophie, Loos-lès-Lille
Pas de courrier... et mon coeur ne bat plus pendant ces instants.
Je voudrais vous faire comprendre, vous faire ressentir la terrible impression d'abandon qui nous envahit lorsque vous ne nous écrivez pas et que les liens que la prison prétend détruire se défont face à notre impuissance.
J'aimerais que vous compreniez que ce qui, pour vous, n'est que quelques phrases gribouillées sur un bout de papier ou carte quelconque, pour nous c'est la clarté dans ces ombres.
Quatre phrases, quatre caresses, quatre rafales de brise qui ne peuvent nous arriver que de l'extérieur. Si vous voyiez notre expression, notre sourire, lorsque ces enveloppes blanches arrivent... cette recharge de moral et de bien-être, la sensation de ne plus être seule, de vous accueillir et vous recevoir le coeur ouvert comme si vous veniez nous rendre visite, comme si cette cellule, tout à coup, s'était remplie de monde; de ce petit monde si cher à chacune.
Idora
Paroles de détenus - Librio n° 409